Russie

Victoire «record» à l'élection présidentielle pour Poutine, «confirmation» du soutien du peuple, selon le Kremlin

«Record», «exceptionnel» : Moscou s'est félicité ce 18 mars de la victoire écrasante de Vladimir Poutine à la présidentielle russe, y voyant la preuve d'une union nationale deux ans après le début du conflit en Ukraine. Sa réélection a été saluée par les partenaires de la Russie. De son côté, l'Occident fulmine.

Le président russe, au pouvoir depuis désormais près d'un quart de siècle, a récolté 87,28% des voix sur l'ensemble des suffrages dépouillés en Russie, soit 10 points de plus qu'en 2018.

«C'est un indicateur record», a proclamé la cheffe de la Commission électorale, Ella Pamfilova. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a évoqué un résultat «exceptionnel» et une «confirmation» du soutien du peuple russe «à son président».

Le dirigeant chinois Xi Jinping a assuré que ce résultat prouvait «le plein soutien des Russes» à Vladimir Poutine, tandis que le président iranien Ebrahim Raïssi y a vu une «solide victoire». Les dirigeants de l’Inde, du Venezuela, du Qatar, de l'Algérie, du Nicaragua, de Cuba et de Bolivie ont aussi salué la réélection de Vladimir Poutine.

Le Premier ministre indien Narendra Modi a également adressé ses chaleureuses félicitations et appelé à renforcer la relation «spéciale» entre les deux pays.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a aussi félicité son homologue russe pour sa réélection et offert de nouveau sa médiation avec l'Ukraine, a annoncé la présidence. Lors d'un appel téléphonique, «le président Erdogan a estimé que l'évolution positive des relations entre la Turquie et la Russie se poursuivrait et a déclaré que la Turquie était prête à jouer un rôle de facilitateur pour (la) faire venir à la table des négociations avec l'Ukraine» a indiqué l'exécutif turc. Poutine a félicité Erdogan «et tous les musulmans de Turquie» à l'occasion du mois sacré du Ramadan, a fait savoir le Kremlin.

Berlin, Londres, Paris, Bruxelles et évidemment Kiev ont de leur côté fustigé un vote sous contrainte et sans opposition. Le ministère allemand des Affaires étrangères, cité par RIA Novosti, a indiqué qu'il n'utiliserait pas la fonction quand il évoquera le président russe Vladimir Poutine, pour ne le désigner que par son seul nom. 

Dixième anniversaire du rattachement de la Crimée

Le président russe a célébré dès le 17 mars au soir sa victoire en dressant le portrait d'une Russie «consolidée» qui ne se laissera pas «intimider» par l'Occident.

Un concert doit avoir lieu dans la soirée sur la place Rouge pour fêter le maintien au Kremlin de Vladimir Poutine et le 10e anniversaire du rattachement de la Crimée à la Russie. Des groupes de partisans du président russe étaient déjà présents dans le quartier à la mi-journée, certains arborant des coupe-vent barrés des mots : «Notre fidélité à la patrie nous donne la force.»

S'agissant du front, toute la semaine a été marquée cependant par des bombardements meurtriers et des tentatives d’incursions de combattants armés venus d'Ukraine et neutralisés par les forces russes. Dans la région de Belgorod, frontalière de l'Ukraine, ces attaques ont fait au moins 13 morts depuis le 12 mars, selon les autorités locales.

Vladimir Poutine a salué le 17 mars les troupes russes, évoquant les «nouvelles terres russes» mais les qualifiant de «territoires historiques de la Russie». Il a estimé que les forces russes, à l'offensive face à une armée ukrainienne en manque d'hommes et de munitions, avaient «entièrement l'initiative». 

«La France pourrait jouer un rôle dans la paix, tout n'est pas perdu»

Questionné sur les déclarations d'Emmanuel Macron sur l'envoi éventuel de troupes occidentales en Ukraine, le président russe a souligné qu'une telle option pouvait mener à «un pas d'une troisième guerre mondiale», avant de faire remarquer que son homologue français avait déjà apporté des «correctifs», le contingent pouvant ne mener que des missions secondaires. Et celui-ci de conclure : «La France pourrait jouer un rôle dans la paix, tout n'est pas perdu.»

L'opposition a tenté de se montrer lors de cette présidentielle. Ioulia Navalnaïa, veuve d’Alexeï Navalny, avait appelé ses partisans à aller tous voter au même moment, à midi dimanche. Elle-même a voté à l'ambassade de Russie à Berlin, disant avoir écrit «Navalny» sur son bulletin.

La diplomatie russe dénonce les fausses informations sur la contestation

Le ministère russe des Affaires étrangères, le 17 mars, a dénoncé les «fausses informations» circulant sur les réseaux sociaux, voulant faire croire que les électeurs russes qui se sont rendus aux urnes en début d’après-midi avaient répondu à l’appel de Ioulia Navalnaïa.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a lui remarqué ce 18 mars que cette dernière faisait «de plus en plus partie de ces milieux qui perdent leurs racines, leurs liens avec leur patrie». «Ils ne comprennent plus leur patrie et ne sentent plus le pouls de leur pays», a-t-il ajouté.

Le 17 mars, Vladimir Poutine a, pour la première fois, prononcé publiquement le nom d’Alexeï Navalny, qualifiant son décès de «triste événement», et ajoutant qu'il s’était déclaré favorable à sa libération dans le cadre d'un échange de prisonniers avec les Occidentaux.