Russie

Missiles hypersoniques : les États-Unis accusent toujours un retard sur la Russie

La diplomatie russe a affirmé le 7 février la prééminence de la Russie dans le domaine des missiles hypersoniques, et ce, malgré la priorité accordée par l'armée américaine à ces armements au cours des quatre dernières années.

«En ce qui concerne les systèmes hypersoniques, les Américains se sentent clairement blessés», a estimé le 7 février dans un entretien à TASS le directeur du département des questions de non-prolifération et de contrôle des armements du ministère russe des Affaires étrangères, Vladimir Ermakov.

«Depuis plusieurs années, ils tentent sans succès de rattraper la Russie dans le domaine hypersonique, mais ils n'ont pas encore créé un seul prototype qui satisfait aux exigences ni n'a passé les tests nécessaires», a-t-il expliqué.

«De là viennent leurs tentatives absurdes de rabaisser le potentiel des systèmes russes», a-t-il ajouté. Le diplomate a ainsi dénoncé une campagne de désinformation visant à mettre en doute l'efficacité des armes hypersoniques russes. En particulier, le «Kinjal» («poignard» en russe) fait l'objet de critiques occidentales.

Le Kinjal, une arme enviée en Occident

Mis en service en 2018, il s'agit un missile hypersonique dont la vitesse est plus de dix fois supérieure à celle du son et qui peut être téléguidé tout au long de sa trajectoire. Ces caractéristiques permettent au missile d'échapper à tous les systèmes existants de défense anti-aérienne et anti-missile. Son premier emploi officiel sur le champ de bataille date du 18 mars 2022.  

Vladimir Ermakov a en outre souligné que les États-Unis cherchaient ainsi à donner une «image hypertrophiée de fiabilité et de prouesse technologique» de leurs propres systèmes anti-aériens et anti-missiles. Pour autant, avec les missiles hypersoniques, le complexe militaro-industriel américain a été mis en difficulté. Des rumeurs circulent ainsi sur la capacité du système Patriot à intercepter des missiles Kinjal. Kiev revendique en avoir abattu, sans preuves jusque-là.

L'armée américaine à la traîne

En décembre 2018, un rapport sur la sécurité nationale, émis par le principal organe de contrôle du Congrès, constatait l'émergence d'armes hypersoniques en Chine et en Russie permettant de contourner les missiles de défense aérienne, avertissant qu'«il n'existait pas à l'heure actuelle de contre-mesure».

Par conséquent, le 20 mars 2019, le secrétaire adjoint de la Défense des États-Unis annonçait que la priorité de l'Agence de développement de l'espace serait la «livraison de capacités permettant de suivre, avertir et contrer les armes hypersoniques». Mais les résultats se sont avérés peu concluants : quatre ans plus tard, en septembre 2023, l'armée reconnaissait au micro de Bloomberg qu'elle ne serait pas en mesure d'honorer les délais de livraison de l'arme hypersonique. Une semaine auparavant, elle avait été contrainte d'annuler les essais de missile hypersonique à longue portée.