Russie

La patineuse Valieva suspendue : «tous les moyens sont bons» pour faire la guerre au sport russe

La patineuse russe Kamila Valieva a été condamnée ce 29 janvier à quatre ans de suspension à compter du 25 décembre 2021.

Saisi en appel, le Tribunal arbitral du sport (TAS) a rejeté ce 29 janvier la décision de la commission de discipline de l'agence antidopage russe (Rusada), qui avait dispensé la patineuse Kamila Valieva de sanction il y a un an, au motif qu'elle n'avait commis «aucune faute ou négligence».

«Tous les résultats en compétition de Mme Valieva à compter du 25 décembre 2021 sont annulés, avec toutes les conséquences qui en découlent», soit le retrait de ses titres, médailles et primes, a décidé le Tribunal arbitral du sport de Lausanne, le 29 janvier.

Une quantité infime de trimétazidine

Le suspense ne portait pas sur le fait de savoir si l'adolescente avait violé la législation antidopage : Kamila Valieva n'avait pas contesté son contrôle positif fin 2021 à la trimétazidine, une substance censée améliorer la circulation sanguine, interdite depuis 2014 par l'Agence mondiale antidopage, et détectée en quantité infime dans son organisme.

Mais la jeune fille, alors âgée de 15 ans, avait invoqué une «contamination via les couverts» partagés avec son grand-père, traité à la trimétazidine après la pose d'un cœur artificiel, et qui la conduisait chaque jour à l'entraînement.

Le TAS a estimé que Kamila Valieva «n'avait pas été en mesure d'établir», avec des preuves suffisamment convaincantes, qu'elle ne s'était pas «intentionnellement» dopée.

Le Kremlin a dénoncé une «décision politique» par la voix du porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov, cité par les agences de presse russes.

«La guerre a été déclarée au sport russe», selon le Comité russe olympique

«La guerre a été déclarée au sport russe et, comme nous le voyons, tous les moyens sont bons», a dénoncé le Comité olympique russe quelques heures après l'annonce de la suspension pour quatre ans de la patineuse russe Kamila Valieva par le Tribunal arbitral du sport (TAS).

«La décision du TAS est négative, mais il est depuis longtemps impossible de compter sur l'objectivité et l'impartialité de cette structure internationale», a ajouté le Comité olympique russe dans un communiqué.

«Le dopage des enfants est impardonnable », a de son côté insisté l'Agence mondiale antidopage (AMA), qui siège à Montréal au Canada, et qui s'est félicitée de la décision du TAS.

L'affaire n'est cependant pas terminée : la patineuse peut d'abord saisir le Tribunal fédéral suisse sous 30 jours, uniquement pour des motifs juridiques limités, avant que la décision du TAS ne devienne définitive.

Surtout, la juridiction sportive n'a pas tranché sur «les conséquences liées à la disqualification rétroactive de Mme Valieva lors de compétitions passées, y compris les JO de Pékin», puisque cette question «n'entrait pas dans le champ de la procédure», a précisé le TAS, qui renvoie la décision au Comité international olympique.

Or, Kamila Valieva avait eu le temps de remporter l'or par équipes avec les Russes à Pékin, réalisant au passage le premier quadruple saut féminin de l'histoire olympique, avant que n’intervienne l’accusation de dopage – la pandémie de Covid-19 avait perturbé le travail du laboratoire agréé par l'AMA à Stockholm, chargé d'analyser son prélèvement réalisé fin 2021 à Moscou.

Près de deux ans plus tard, le Comité international olympique n'a toujours pas organisé de cérémonie de remise des médailles pour cette épreuve, au grand dam des patineurs américains, japonais et canadiens devancés par les Russes.

Aujourd'hui, le CIO, qui doit désormais tirer les conséquences de la décision du TAS, est dans une situation délicate : à la différence d'autres disciplines comme l'athlétisme, le règlement de la Fédération internationale de patinage ne prévoit de disqualification collective qu'en cas de contrôle antidopage positif d'un des athlètes pendant la compétition – pas huit semaines plus tôt.