Le lampadaire et les mesures occultées contre la pandémie

Pour Ariel Beresniak, docteur en médecine, les autorités françaises, focalisées sur le confinement et ses corollaires, ont négligé d'autres pistes existantes pour lutter contre la pandémie de Covid-19.

C'est l'histoire classique de l’homme qui cherche ses clés sous un lampadaire. Pourquoi sous un lampadaire ? Non parce que l’homme a perdu ses clés à cet endroit, mais parce que c'est le seul endroit éclairé de la rue…

Cette situation serait comique si la vie d’une nation entière n’était pas en jeu. Elle représente tragiquement le comportement du gouvernement dépassé par les événements et cherchant les clés de la fin de l’épidémie dans les dires de son conseil scientifique. Pour obtenir des résultats tangibles, il conviendrait que le pouvoir exécutif accepte de regarder ailleurs.

Le confinement de la population (et son corollaire les couvre feux à géométrie variable) sont présentés par le ministère de la Santé comme la «seule» stratégie pour «casser» les chaînes de transmission de la pandémie de Covid-19. C’est loin d’être vrai.

La lutte contre les pandémies à virus respiratoires a en effet fait l’objet de nombreuses recherches, publications scientifiques et rapports internationaux. Au-delà des restrictions de liberté, masques tests et vaccins, il existe un certain nombre d’autres interventions de santé publique qui ont fait leurs preuves et que la puissance publique a choisi d’ignorer.

Quelles sont-elles ?

C’est ainsi que des unités de soins intensifs modulaires provisoires ont été montées en quelques jours en Chine à Wuhan durant l’épidémie initiale de l’hiver 2019-2020. Plus récemment en novembre 2020, un hôpital modulaire de 1 300 lits de «surveillance continue» dédiés entièrement au Covid-19 a été créé à Moscou dans le stade de course de vitesse sur glace. Un projet similaire a été monté en Europe à Varsovie où 500 lits dédiés Covid ont été installés au sein du stade national.

Une organisation particulière du personnel permet aux médecins spécialistes de superviser ces structures provisoires, assistés d’autres médecins et surtout de nombreux yeux, bras et oreilles infirmiers pour appliquer les procédures standardisées de surveillance et de soins.

Les principales causes de décès du fait de cette maladie sont les détresses respiratoires par pneumonie. Les respirateurs artificiels permettent aux patients souffrant de pneumonie à Covid de respirer et donc d’oxygéner leur organisme. Les hôpitaux étant sous équipés en matériel moderne, une tentative de combler la pénurie en respirateurs a bien été ordonné par l’Etat qui a commandé fin mars 2020 10 000 respirateurs à un consortium associant les industriels Air Liquide, PSA, Valeo et Schneider Electric. Sur les 10 000 unités commandées, 1 500 sont du modèle Monal T60 réellement utilisable à l’hôpital… Depuis cette commande, l’Etat n’a plus évoqué de commande de respirateurs.

Un autre type d’équipement s’avère très utile dans le Covid : les ECMO (oxygénation par membrane extracorporelle). Cet appareil utilise un circuit extracorporel permettant d’ajouter de l’oxygène directement dans le sang, donc sans passer par les poumons dont l’état peut être trop dégradé pour qu’un respirateur soit efficace. Il s’agit d’une option de dernier recours permettant de sauver 70% des patients atteints de formes très sévères de Covid-19, selon plusieurs études scientifiques. Il n’existe malheureusement que très peu de plateformes ECMO installées sur le territoire qui pourraient faire drastiquement baisser la mortalité en réanimation.

Nul doute que le contrôle strict des frontières pendant que l’épidémie était encore circonscrite en Chine aurait permis de limiter drastiquement la diffusion de l’épidémie lors du premier trimestre 2020. Une fois que le virus a diffusé au niveau mondial, le contrôle des frontières tel qu’il imposé désormais en France depuis le 31 Janvier 2021 est par définition moins efficace…

L’utilisation de façon adaptée de toutes les armes à disposition contre le Covid-19 permettrait véritablement de lutter efficacement contre les pandémies présentes et futures. Enfermé dans le déni des alternatives à ses actions, il n’est pas certain que le ministère de la Santé accepte d’élargir le spectre limité des mesures qu’il a choisi de déployer, car ce serait reconnaître son incompétence et celle de ses conseillers…

La moindre suggestion à évoquer d’autres stratégies entraîne un feu nourri en retour principalement construit autour du reproche du manque de «preuves» suffisantes inhibant toute velléité pragmatique. La violente polémique autour de l’utilisation de l’hydroxychloroquine en est la meilleure preuve.

Toute critique envers la mauvaise performance des seuls moyens déployés par les autorités sanitaires ne génère en réponse que des procédés de culpabilisation : «Des gens meurent pendant que vous discutez… Allons nous continuer à pérorer ou allons-nous agir ? Nous sauvons des vies…».  Ce type de discours est l’apanage des hommes de pouvoir ayant pour but d’imposer leur ordre moral qui n’est que la lumière du réverbère.

Ariel Beresniak