Didier Raoult, le général de Gaulle de la crise du Coronavirus ?

Le professeur Raoult serait-il un nouveau de Gaulle qui prend de front les élites médicales en mettant en cause leur approche de la grave crise sanitaire du Covid-19 ? Explications de Nicolas Vidal, directeur de publication chez Putsch.

Le professeur Raoult est-il en quelque sorte un nouveau de Gaulle qui prend de front les élites médicales en mettant en cause leur approche de la grave crise sanitaire du coronavirus ?

L'un s'affronte à l'Etat-major médical et l'autre, en son temps, à l'Etat-major militaire. Cette analogie a donc le mérite qu'on s'y penche.

Premièrement, le général de Gaulle, alors qu’il n’était pas encore général, avait fait sécession avec les états-majors militaires en leur reprochant leur impréparation à une guerre probable, notamment en termes de stratégie. Et il a beaucoup réfléchi, proposé et écrit d’ouvrages à ce sujet contre vents et marées.

On ne peut s’empêcher de penser que la ligne Maginot de l’époque est une stratégie qui ressemble étrangement au confinement généralisé d’aujourd’hui, dans tout ce qu’il a de statique et de défensif. Et le professeur Raoult parlait du confinement comme d’une disposition moyenâgeuse.

De Gaulle, de son côté, préconisait une stratégie militaire plus offensive qui s’appuyait sur des blindés lourds et légers et d’une aviation efficace, très éloignée de l'état-major militaire de l’époque. Un dispositif offensif de rupture tout en rapidité pour surprendre l’ennemi et annihiler ses ardeurs belliqueuses. Et on ne peut s’empêcher de penser que le traitement du professeur Raoult à base de chloroquine (pour faire simple) a les attributs de cette stratégie.

Relisons ce qu’écrivait de Gaulle dans ses mémoires de guerre au chapitre «La pente» : «Les organismes officiels et leurs soutiens officiels, plutôt que de reconnaître d’évidentes nécessités et d’accepter le changement quitte en a aménager la formule et les modalités, s’accrocher au système en vigueur. Malheureusement, ils le firent d’une manière si catégorique qu’ils se fermèrent à eux-mêmes la voie de la résipiscence. Pour contredire l'évolution technique, ils s’employèrent à la contester. Pour résister aux événements, ils affectèrent de les ignorer. Je vérifiai, à cette occasion, que la confrontation des idées, dès lors qu’elle met en cause les errements accoutumés et les hommes en place, revêt le tour intransigeants des querelles théologiques.»

De Gaulle, lui aussi, a été raillé et méprisé à cette époque par les élites et les états-majors militaires pour cette nouvelle approche qui aurait mis la France dans une situation de riposte active.

Et il est intéressant de constater que Didier Raoult a fait l’objet dès le début de la crise, dans certains grands médias, d’une campagne immonde de mépris et de diabolisation. Une grande chaîne d’information a laissé dire sur ses plateaux qu’il était un charlatan, «un druide qui promet une potion magique» et un déséquilibré ou encore un mandarin qui se prend pour un «Messi 2.0.»

Les mêmes et d’autres, car la raillerie des hautes sphères est une activité à plein temps, ont fait un lien entre les Gilets jaunes et le Professeur Raoult. Certains ont parlé de giletjaunisation de la crise du Covid-19. L’infamie et l’indigence n’ont pas de limites.

Mais depuis que le ministre de la Santé, Olivier Véran, a donné le feu vert pour tester le traitement du professeur Raoult, et certains sont devenus un poil moins virulents sur le cas de ce spécialiste. Quoique…

Alors oui, une partie des Français a pris fait et cause pour le professeur Raoult, qui explique, teste, commente et défend son traitement. N’étant pas médecin, il n’est pas question pour l'auteur de ces lignes de trancher la question du traitement à la chloroquine, mais d'observer que l’exécutif est totalement dépassé par la crise, tergiverse sur les méthodes à appliquer, n’est pas en mesure de fournir les armes nécessaires pour le combattre alors que tous les jours, le nombre de malades graves et de morts grossit dangereusement.

En réalité, le professeur Raoult a le panache d’un de Gaulle, et Marseille ressemble à Londres le 18 juin 40, quand plusieurs centaines de Français viennent se faire dépister et plusieurs centaines de milliers d’entre eux voient dans le professeur un espoir de guérison, de traitement et un symbole de la résistance contre les élites.

Car comme en 1940, nos élites sont sur le point de faillir à nouveau, abritées fébrilement derrière le conseil scientifique et leur galimatias concernant le meilleur système de santé du monde. Nul ne sait si la stratégie du général de Gaulle aurait sauvé la France de la débâcle en 1940 comme la chloroquine pourrait avoir raison du coronavirus. L’Histoire nous le dira et restera juge.

Cependant, Emmanuel Macron a sans doute raison de dire qu’«on se souviendra des gens qui ont été à la hauteur et de ceux qui ne l'ont pas été».