Tout le monde ne se réjouit pas du rétablissement des contacts militaires entre la Russie et les USA

Bien que le rétablissement des contacts militaires entre Moscou et Washington soit avantageux pour les deux pays et même pour l’Europe, nombreux sont ceux à Washington qui s’y opposent, a confié à RT l’ancien diplomate américain Jim Jatras.

RT : Comment interpréter le rétablissement des contacts militaires entre la Russie et les Etats-Unis ?

JIM JATRAS, ancien diplomate américain (J.J.): Je pense que cela peut être un énorme pas en avant. La coopération militaire a été rompue à cause de l’Ukraine et cela donne une occasion de les rétablir. Il est aussi extrêmement important dans le contexte syrien, en premier lieu pour éviter des incidents inattendus entre les Américains et les Russes. Deuxièmement, cela rendra beaucoup plus effective la campagne contre ce que nous appelons notre ennemi commun, l’Etat islamique. Troisièmement parce que cela ouvre une porte sur une coopération entre les Etats-Unis et le gouvernement de Damas, parce que ce dernier travaille en collaboration étroite avec la Russie, et la Russie coopèrent bien sûr avec Damas.

RT : Comment cette mesure a-t-elle été perçue à Washington ?

J.J. : A Washington, les points de vue diffèrent. La majorité de l’establishement à Washington, même la plupart des membres de l’administration Obama y sont très opposés. Leur mantra est : «El-Assad doit partir ! Nous ne pouvons pas lutter contre l’Etat islamique sans d’abord se débarrasser de Bachar el-Assad». C’est encore le principal point de vue. Je ne pense pas que ce soit nécessairement celui du président Obama ou celui du secrétaire d’Etat John Kerry. Mais des personnes comme Samantha Power ou Susan Rice, et d’autres encore au sein de l’administration ou du Congrès, vont s’opposer à cette reprise avec détermination.

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RT : Mais ceux qui s’opposent à cette idée peuvent-ils faire capoter ce rapprochement entre commandements militaires russe et américain ?

J.J. : Rappelez-vous, pour nombre de ces gens, la Syrie est une attraction secondaire comme l’Ukraine. Leur ennemi réel est la Russie, même plus que la Syrie. Ces gens jetteront de l’huile sur le feu à cause de leur opposition. Mais nous n’avons plus d’autres options ici à Washington. Il n’existe pas de troisième force entre Bachar el-Assad et les djihadistes. C’est soit el-Assad, soit Daesh, soit Al-Qaïda qui vaincra à Damas. Il y eu une véritable panique lors d’un série d’auditions cette semaine lorsque l’administration a admis qu’elle avait dépensé des dizaines de millions de dollars pour former «des terroristes modérés» qui ont débouché au final, sur la formation de quatre ou cinq combattants. Ils n’ont plus d’autre choix, mais cela ne signifie pas pour autant qu’ils vont accepter avec bonheur ou plaisir, la bouée de sauvetage que Moscou propose.