Corbyn : La Syrie n’a pas besoin d’une intervention militaire mais d’une solution politique négociée

Le favori dans la course pour s’emparer du parti travailliste britannique, Jeremy Corbyn, est persuadé que le gouvernement n’a pas le droit de bombarder la Syrie et déplore le fait que la Grande-Bretagne ait accueilli si peu de réfugiés.

RT : David Cameron a déclaré que l’emploi de la force militaire est obligatoire en Syrie. Allez-vous l’empêcher de passer à l’acte ?

Jeremy Corbyn (J.C.) : On en discutera au parlement très rapidement. Je me préoccupe de la base légale sur laquelle s’appuie le Premier ministre pour lancer des frappes opérées par des drones. Je lui ai déjà posé cette question lundi dans le cadre de l’organisation d’une conférence politique pour toute la région qui devrait bien sûr inclure l’Iran, la Russie, les Etats-Unis, l’Union Européenne et tous les pays voisins. C’est une façon d’interrompre les livraisons d’armes et d’argent à Daesh, tout en empêchant l’organisation terroriste de vendre du pétrole et ainsi de gagner de l’argent. Si on ne fait que bombarder, des civils seront tués et cela ouvrira la porte à des opérations au sol. Il n’y a pas de décision parlementaire pour entreprendre des opérations militaires, cela a été rejeté en 2013.

RT : Et qu’est-ce que vous pensez de Bachar el-Assad ?

J.C. : Je ne suis pas un partisan de Bachar el-Assad. Je pense que son régime est atroce du point de vue du respect des droits de l’Homme, de même, les méthodes qu’il a utilisées contre ses opposants sont ignobles, comme beaucoup de choses qui se passent dans le pays. On doit trouver une solution politique à ce problème.

Et en attendant, il faut apporter autant de soutien qu’il possible de le faire aux réfugiées qui sont désespérés, qu’ils soient au Liban, en Jordanie ou dans d’autres pays mais aussi, bien sûr, à ceux qui essaient d’entrer par la Grèce et la Turquie pour rejoindre l’Union européenne, pour être en sécurité. Heureusement, depuis quelques semaines, l’attitude envers les réfugiés a changé. Le gouvernement hongrois est le seul à ne pas avoir compris cette évolution des mentalités.

Je trouve que c’est une grande honte pour la Grande-Bretagne de ne pas avoir pris part au programme européen pour les réfugiés de 2012, ce qu’on aurait pu faire, et dont l’idée principale était de mettre d’accord tous les pays membres sur un programme permettant d’accueillir des réfugiés, comme l’a fait l’ONU par le passé dans d’autres crises internationales, du Chili au Vietnam. Le Royaume-Uni a accueilli un tout petit nombre de réfugiés mais fourni une aide considérable pour les camps au Liban, je le sais, je le reconnais. L’Allemagne a été exemplaire dans sa préparation à accueillir un nombre important de réfugiés, le gouvernement hongrois ne semble pas être sur la même longueur d’onde mais les Hongrois ordinaires ont fait énormément pour aider ces gens dont la situation est désespérée.

Je crois qu’il faut souligner ce changement d’état d’esprit mais au final, il faut se pencher sur les causes de ce flux de réfugiés. Il y a aujourd’hui dans le monde, plus de personnes déplacées qu’à aucun moment dans l’histoire et cela nécessite un important programme des Nations unies pour apporter une aide et un soutien immédiats, convaincre d’autres pays d’accueillir un nombre conséquent de réfugiés et examiner aussi les sources économiques, environnementales et guerrières qui provoquent ces flux de réfugiés.

Le Royaume-Uni en a accueilli très peu. Le gouvernement a déclaré le 7 septembre qu’on en accueillera 20 000 sur cinq ans, ce n’est pas vraiment beaucoup. Je crois nous devrions en accueillir davantage.