Face à l'attentat de New York, l'écrivain et historien américain Gerald Horne pointe du doigt «le double jeu» des Etats-Unis, qui se disent ardemment opposés à l’extrémisme religieux mais viennent l'appuyer pour des raisons géopolitiques.
RT France : Quel impact cet attentat aura-t-il sur la campagne des Etats-Unis contre Daesh ?
Gerald Horne (G. H.) : Il est difficile de le dire à ce stade. Le président Donald Trump a été élu en grande partie en exploitant une hystérie démesurée concernant les populations musulmanes, et en particulier celles se trouvant aux Etats-Unis. En supposant que cette revendication par l'Etat islamique soit confirmée, je suis certain que monsieur Trump l'utilisera à son avantage. Mais si on prend du recul et qu'on étudie cette situation de manière plus objective, on se rendra compte qu'une partie du problème auquel les Etats-Unis font face aujourd’hui est dû au fait que Washington joue une espèce de double jeu sur la question du fanatisme religieux. D’un côté, ils y sont opposés, de manière rhétorique, mais de l'autre, ils sont prêts à collaborer avec ces fanatiques religieux quand cela les arrange, par exemple, en Libye en 2011, afin de renverser le colonel Kadhafi, et, il y a quelques dizaines d’années, afin de faire tomber le gouvernement de gauche en Afghanistan, soutenu par les soviétiques à la fin des années 1970.
Daesh est né sur les ruines de l’Irak, des ruines laissées par Washington et conséquences du renversement mal avisé du régime de Saddam Hussein
Alors que nous parlons, certains groupes de réflexions sont en train de présenter des papiers qui suggèrent que les Etats-Unis ne devraient pas écarter la possibilité de travailler avec des fanatiques en Russie et en Chine, ces deux pays étant considérés comme les principaux adversaires de Washington. Jusqu’à ce que les Etats-Unis ne cessent de jouer un tel double jeu, je crains que ce n'est pas uniquement New York qui risque d’être frappé par une telle tragédie, mais bien tous les pays-membres de l’OTAN.
RT France : Après cet attentat, beaucoup de gens se demandent, à tort ou à raison, si les actions des Etats-Unis hors de leur frontières ont véritablement amélioré la sécurité de leurs concitoyens. Car malgré la reprise de Raqqa et d’autres succès, on voit désormais des activités terroristes se développer sur le terrain américain...
G. H. : Concernant Raqqa... Si on arrive vraiment à vaincre l'Etat islamique, il se transformera probablement en une sorte d’Al-Qaeda, c’est-à-dire, que ses combattants se disperseront dans les pays de l'Atlantique Nord pour y perpétrer des attentats comme celui de Manhattan.
Si nous voulons éviter de telles tragédies à l’avenir, il nous faudra revoir totalement les fondamentaux de la politique étrangère des Etats-Unis
Cependant, ceci nous amène à une question plus fondamentale : d'où vient l'Etat islamique ? Daesh est né sur les ruines de l’Irak, des ruines laissées par Washington et conséquences du renversement mal avisé du régime de Saddam Hussein en 2003. L’anarchie violente et irrationnelle qui s'est déchaînée par la suite a permis l’ascension de l’Etat islamique.
Je voudrais insister sur le fait que, si nous voulons éviter de telles tragédies à l’avenir, il nous faudra revoir totalement les fondamentaux de la politique étrangère des Etats-Unis.
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