L'Europe se prépare à contrer la soi-disant «menace militaire russe» : les pays de l'OTAN à l'Est du continent s'attendent à l'arrivée de milliers des soldats américains. Ces troupes seront stationnés le long de la frontière russe depuis l'Estonie jusqu'à la Bulgarie.
Cependant, les navires transportant la première partie des troupes ont été accueillis dans un port allemand par des signes tels que «Militaires, rentrez chez vous».
Beaucoup de manifestants ont marché dans les rues de Bremerhaven, appelant à mettre fin au bruit des bottes.
Envoyer des milliers de soldats en Pologne et dans les pays frontaliers de la Russie, ainsi que des chars et du matériel, cela se fait au nom de la «défense contre l’agression russe»
RT : La Suède accuse la Russie de propager des fausses informations afin d'empêcher le pays de rejoindre l'OTAN, qui amasse des forces aux frontières russes. Pensez-vous que ces accusations au sujet des «fake news» aient poussé l'OTAN à agir ?
David Swanson (D. S.) : Je pense que c'est plutôt les Etats-Unis que la Suède, les membres du département de la soi-disant Défense à Washington ne cachent pas aux médias que le profit est le principal motif de l'escalade des hostilités envers la Russie. Mais envoyer des milliers de militaires – américains et allemands – en Pologne et dans des pays frontaliers avec la Russie, ainsi que des chars et du matériel - se fait au nom de la «défense contre l’agression russe». A moins d'être capable de prétendre qu'il y a une agression russe, vous ne serez pas capables de poursuivre tout cela. Toute cette agression se doit d'être défensive. Si la Russie dit autre chose, ce qu'elle dit doit obligatoirement être des «fake news».
RT : L'OTAN mobilise beaucoup de forces militaires, étant donné la prétendue instabilité et agression de la Russie, mais l'OTAN-même n'est-il pas l'agresseur ici ?
D. S. : Je pense qu'il y a une impulsion importante, initiée à Washington, de tout faire durant les deux prochaines semaines pour créer le maximum de tumulte entre l’Occident et la Russie que ni Donald Trump, ni tout autre personne ne pourra apaiser. Même au risque de violences ouvertes, plutôt que simplement d'une hostilité sous forme de guerre froide. C'est la large préférence de ceux qui profitent des ventes d'armes, plutôt que d'aboutir à la paix réelle, qui est leur plus grande crainte.
On parle d'une tentative de pousser cela au-delà du point de non-retour
RT : Barack Obama a promis d’envoyer davantage de soldats en Europe, les premiers sont déjà arrivés en Pologne. Comment la présidence de Donald Trump va-t-elle affecter cette opération ?
D. S. : L'argent sera mis sur la table et tout sera mis en place pour que survienne un incident susceptible de monter les hostilités d'un cran, si ce n'est une guerre totale. C'est le dernier coup de collier, mais on ne parle pas de quelque promesse d'un président qui peut facilement être réduite à néant - on parle de ventes, d'argent dans les caisses, on parle d'une tentative de pousser cela au-delà du point de non-retour. Ainsi, Donald Trump a déjà été poussé à dire : «Il nous faut plus d'armes nucléaires», a déjà été poussé à dire : «Oui, la Russie l'a peut-être fait», en parlant du piratages et des fuites d'informations. L'establishment de Washington pourrait égalment convaincre Donald Trump de dire : «Bon, d’accord, nous allons faire monter la sauce avec la Russie.»
RT : Est-il probable, à votre avis, qu'il y ait une véritable escalade entre les forces russes et celles de l'OTAN ?
D. S. : Je ne sais pas si c'est simple ou pas, mais c'est une escalade qui impliquerait de nombreuses facettes, y compris la propagande sur les crimes russes dans les médias américains, l'envoie de troupes et d'équipements à la frontière, l'expansion de l'OTAN et l'encouragement des autres membres de l'OTAN à rejoindre l'escalade, alors qu'en Allemagne, d'importantes manifestations militent pour la paix et s'opposent à l'envoi d'Allemands ou d'Américains plus à l'Est de l'Allemagne, comme cela est prévu. Aux Etats-Unis il n'y a pas assez de personnes qui protestent de la même manière.
RT : Pendant combien de temps va continuer le comportement agressif de Washington envers la Russie ?
D. S. : Je ne sais pas. Indéfiniment, si c’est le Pentagone et le siège de l’OTAN qui en sont responsables. Des changements majeurs pourraient cependant avoir lieu d'ici deux semaines. C'est parce que les Etats-Unis sont l'élement décisif et tout repose entre les mains du président. Nous avons un tout nouveau Congrès à Washington - le Congrès qui, en vertu de la Constitution américaine, est censé décider de toutes les questions importantes, et le Congrès dans lequel pas une personne n'a participé à ce genre d'intensification des relations avec la Russie, que ce soit de façon positive ou négative. Tout comme lors de l'élection présidentielle. Nous avons cette tâche immense qui est de protéger l'élection américaine en n'informant pas le public américain de ce qui se passe pendant celle-ci. Personne n’a fait campagne sur l’escalade des hostilités contre la Russie ou au contraire sa désescalade, cela n'était pas le sujet du scrutin - tout est fait contre la volonté du public américain, si seulement on leur avait correctement demandé leur avis, mais au nom de la démocratie...
Comme si ce genre d’agression et de course aux armements était une force de paix et de sécurité, alors que ce n'est bien sûr pas le cas. Mais c’est le message qui est lancé par le département d’Etat américain.
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