Accord de Genève : «Les Etats-Unis ont aidé, armé, financé et soutenu des groupes djihadistes»

Le 9 septembre 2016 la Russie et les Etats-Unis se sont mis d'accord pour un nouveau cessez-le-feu en Syrie. A quel résultat faut-il s'attendre ? Le diplomate syrien Imad Moustapha commente cette avancée politique.

RT : A quel point la rencontre de Genève devrait-elle influencer la situation en Syrie ?

Imad Moustapha (I. M.) : Il faut garder en tête que les Russes parlent au nom d’un seul point de repère qui est le gouvernement syrien. Les Américains parlent au nom de 400 groupes disparates avec un agenda et une idéologie djihadiste. [...]

Nous sommes très sceptiques quant à la façon dont les résultats du meeting de Genève seront implantés sur le terrain. Souvenez-vous que la plupart de combats violents qui ont lieu à Alep en ce moment opposent l’Armée arabe syrienne à certains des groupes djihadistes les plus radicaux comme l’Armée de la conquête, le front Al-Nosra, le Harakat Nour al-Din al-Zenki bien connu pour ses atrocités, aussi le front de libération de Turkestan de l’Est et d’autres groupes extrémistes terroristes.

Nous sommes donc sceptiques, mais espérons que de bons résultats peuvent être atteint.

Dès le début de la crise syrienne les plans des Etats-Unis ne supposaient que prolonger la destruction et le démantèlement de l’Etat syrien

RT : La Russie et les États-Unis sont depuis longtemps en désaccord concernant le futur de Bachar al-Assad : doit-il rester au pouvoir ou partir. Que pensez-vous à ce sujet ?

I. M. : Nos points de vue n’ont jamais changé et nous apprécions la position russe : c’est au peuple syrien de décider du sort de son président. Cela n’est pas à être discuté par des leaders étrangers, peu importe ce que veulent les Américains, les Saoudiens, les Turcs et les Qataris. Le peuple syrien est le maitre de son destin.

Nous n’allons donc pas en parler avec qui que ce soit. Nos amis et alliés le comprennent, le respectent et nous les remercions pour leur point de vue sur cette question.

RT : Washington a refusé de confirmer que la réunion aurait lieu jusqu'au dernier moment. Pourquoi à votre avis ?

I. M. : Je pense que c’est une sorte de jeu tactique, je n’accorde pas une très grande attention à ce qu’ils disent avant ou même pendant la rencontre. Soyons clairs : dès le début de la crise syrienne les plans des Etats-Unis ne supposaient que prolonger autant que possible la souffrance, la mort, la destruction et le démantèlement de l’Etat syrien, car ce sont leurs motifs et  objectifs politiques finaux. Quoi qu’ils n’en disent, le fait est que sur le terrain les Etats-Unis ont aidé, armé, financé et soutenu au niveau diplomatique et, bien sûr médiatique, des groupes de djihadistes, qui se battent et se battent en Syrie. Les motivations pour cela sont complètement différentes de ce qu’ils annoncent en public.

Nous prenons également en considération un processus politique qui permettra au peuple syrien de façon dont ils veulent vivre

RT : A quelle autre partie pourrait-on avoir recours pour mettre fin à la guerre en Syrie ?

I. M. : Je ne sais pas à qui encore faut-il parler ; ce dont je suis sûr en ce moment, c’est que les Etats-Unis et leurs alliés dans cette région ont décidé que c’était assez, et qu’ils devaient mettre fin à ce cycle de carnage et de destruction en Syrie, qu’ils devaient arrêter d’armer et de soutenir les groupes armés et permettre à l’armée et au gouvernement syrien de rétablir la paix et l’ordre dans ce pays.

Evidemment il ne s’agit pas d’une victoire purement militaire. Nous prenons également en considération un processus politique qui permettra au peuple syrien de décider paisiblement de leur avenir politique et de façon dont ils veulent vivre.

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