Clinton envisage d’énormes dépenses d’infrastructure, alors que Trump va plus loin, disant qu’il veut doubler cette somme, affirme Ron Paul, ancien candidat à la présidence et hôte du Ron Paul Liberty Report.
Donald Trump, candidat républicain à la présidence, est intervenu lundi 15 août à Detroit, précisant ses projets pour redonner vie aux travailleurs et à la classe moyenne à travers le retour d'emplois sur le sol américain. Un discours assez populiste.
Néanmoins, à la suite de cette intervention, Trump a publié une liste de 13 conseillers économiques qui l’aideraient s’il était élu. Cette liste inclut des gestionnaires de hedge funds et des milliardaires. Certains disent que cela perturbe le message de Trump sur l’économie.
RT : Quelle est votre vision des déclarations de Trump ?
Ron Paul (R. P.) : Je ne crois pas qu’ils [les Américains] pourront en tirer grand chose. Ils pourraient être perturbé, s’ils avaient essayé de comprendre précisément les actions de Trump. Les gestionnaires de hedge funds vont y avoir un intérêt. Bien entendu, ils ne vont pas faire valoir ma position qui est qu’il faut réduire l'intervention de la FED. Ils sont contents de cette équipe de protection anti-crash qui leur permet de jouer à leurs jeux, d’imprimer plus d'argent et de faire monter le cours des action, obligations, etc. Il me semble que c’est ce qu’ils vont faire. En ce qui concerne la question fiscale, peut-être, nous reconnaîtrons [à Trump] un certain mérite quand il commence à parler des taxes. Je pense qu’il serait particulièrement bon si Trump pouvait réduire le taux d'imposition jusqu’au niveau de 15%, mais c’est fort peu probable.
Un président peut diriger et, avec un peu de chance, faire adopter la loi, mais il n'est pas en position d'agir seul
RT : Pensez-vous que les propos de Trump sur la réduction des impôts resteront une promesse en l'air ? Est-ce qu’un candidat républicain peut vraiment être vraiment en mesure de réaliser cela ?
R. P. : Aucun homme politique ne peut le faire tout seul. Un président peut diriger et, avec un peu de chance, faire adopter la loi, mais il n'est pas en position d'agir seul. Si nous y pensons dans le cadre d’une campagne, c’est une bonne réthorique de campagne. Elle attire même mon attention et je pense : «Ah, mince! Ce serait bien s’il pouvait faire adopter cela». Mais je crois que personne ne peut s’y fier.
Il y a encore une incohérence ici : si vous voulez baisser les impôts vous devez au moins prendre en compte la réduction des dépenses publiques. Mais aucun candidat ne veut en parler. Hillary Clinton veut dépenser d’énormes sommes pour l’infrastructure, ce qui n'est pas une mauvaise idée si elle est mise en œuvre correctement. Mais Trump l’a surpassée puisque il veut doubler cette somme. Je l’ai dit au fil des années : il nous faut moins de militarisme, nous n’avions pas besoin de cet empire qui déploie des troupes tout autour du monde. Il nous fallait faire revenir nos soldats. Mais Trump n’est pas d’accord, il veut augmenter massivement les dépenses militaires disant que nous sommes loin derrière nos concurrents; il veut à la fois reconstruire notre secteur militaire et baisser les impôts. Cette équation est absurde d’un point de vue économique. Et comme il existe des lois économiques, s’ils essayaient de le faire, ces tentatives entraîneraient un déficit public intenable et les marchés les rejetteront.
Trump est un inconnu et je ne suis pas sûr qu’il sache lui-même quelle position il choisira le lendemain et le surlendemain
Donc, tous les hommes politiques sont incohérents parce qu’ils cherchent à plaire aux groupes d'intérêts spéciaux – soit des gestionnaires de hedge funds, soit des gens qui veulent que les impôts baissent, etc. La question du protectionnisme aussi relève de la démagogie politique, c’est tout. Je ne crois pas qu’il soit nécessaire d’y accorder de l’importance. C’est la même chose avec les programmes électoraux. Personne ne les lit une fois qu’ils sont écrit. Très souvent ils y font des promesses en l'air.
RT : Selon vous, quel candidats serait le plus ferme envers Wall Street ?
R. P. : Si on l’observe attentivement, Hillary aimerait penser que ce serait elle, mais ses contacts avec Wall Street sont aussi étroits, voire plus étroits, que ceux de Trump. Dans le passé, elle a obtenu beaucoup d'argent de Wall Street. Je ne pense pas du tout qu’elle soit crédible quand elle se prononce contre le corporatisme. Bernie Sanders avait un peu plus de crédibilité quand il le disait. Mais Clinton n’a aucune crédibilité dans ce domaine. Trump est un inconnu et on ne peut pas dire qu’on sait précisément ce qu’il ferait, parce que je ne suis pas sûr qu’il sache lui-même quelle position il choisira le lendemain et le surlendemain.
Nous vivons déjà une époque de protectionnisme
RT : Lors de ses interventions, Trump semble toujours critiquer les accords commerciaux, et un partenaire commercial, à savoir la Chine. Il a accusé la Chine de subvention illégale des exportations, de manipulation de sa monnaie ou de vol de propriété intellectuelle. Qu’en pensez-vous ?
R. P. : Ces accusations sont des demi-vérités. Mais pour moi, son attitude est tout à fait négative. Il se prononce définitivement pour l'augmentation des taxes. Il y a deux mois seulement, nous avons augmenté de 500% les taxes sur les importations chinoises d'acier. Et la Chine est le producteur d'acier le plus important au monde, la moitié de la production mondiale d'acier provient de la Chine parce qu’il est bon marché et de qualité. Donc, si nous imposons un taxe sur l’acier, non seulement notre pays va en souffrir mais les prix vont augmenter, touchant les clients. Et c’est son truc.
Mais nous vivons déjà une époque de protectionnisme. Dans le cadre de l’OMC, ils font croire qu’il existe un libre échange. Mais il y a des milliers de types de taxes sur des produits particuliers et nous participons à cela. Il est injuste de s’attaquer à d’autres pays sans balayer devant notre porte. Nous sommes aussi à l’origine de beaucoup de manipulations et nous avons un énorme privilège parce que nous sommes le seul pays doté de la monnaie de réserve et la possibilité de faire beaucoup plus que les autres.
Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans cette section sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à RT.