RT : En Allemagne, les mobilisations contre les migrants vont souvent de pair avec des manifestations appelant à la tolérance. Mais comment qualifieriez-vous le sentiment général qu’éprouvent les citoyens vis-à-vis des réfugiés ?
Hansjorg Müller : La situation chauffe et s’aggrave, il n’y a pas de secret. Mais les ainsi-nommées démonstrations pour la tolérance sont fortement influencées par les autorités et par les services secrets, qui organisent ce genre de mobilisations. Maintenant la société est de plus en plus divisée entre les citoyens qui ne souhaitent plus souffrir dans leur propre pays et leurs opposants. Donc, il y a des manifestants de gauche mais dirigées en sous-main par l’Etat.
RT : La population a-t-elle changé de point de vue depuis quelques mois ?
H. Müller : C’est difficile à dire, au vu des statistiques officielles, mais comme l’a dit Winston Churchill : «Je ne crois qu’aux statistiques que j’ai falsifiées moi-même». Les statistiques officielles indiquent que deux tiers [des citoyens] sont en faveur des réfugiés et qu’un tiers y sont hostiles, tandis que les statistiques non-officielles disponibles sur Internet, sur les réseaux sociaux, montrent presque l’inverse. Il est donc quasiment impossible de dire quelle est la réalité de la situation.
RT : La chancelière allemande Angela Merkel appelle maintenant à expulser les réfugiés et les migrants qui commettent des crimes. S’agit-il d’un changement de discours significatif ?
H. Müller : Je ne pense pas du tout qu’on puisse parler de changement. Certains observateurs savent peut-être que je parle souvent à Russia Today. Dans une interview que je vous ai donnée à la fin de l’année dernière, j’ai expliqué qu’Angela Merkel était une politicienne sans convictions, sans valeurs. Elle cède toujours à une certaine pression car son seul but est de rester au pouvoir.
Hier, elle s’est exprimée peut-être sur un ton un peu plus féroce en disant que des réfugiés devraient être expulsés. Mais c’est purement tactique et ça n’a rien à voir avec un changement fondamental de sa politique.
RT : L’opinion publique serait-elle influencée par les évènements de Cologne ou s’agit-il plutôt d’une évolution logique ?
H. Müller : C’est une très bonne question, car elle nous renvoie à la question numéro un. Les gens, que veulent-ils vraiment ? Sont-ils pour ou contre le refoulement des réfugiés ? Ou n’y a-t-il qu’un tiers des Allemands qui le souhaitent vraiment ? Et si on ignore ce que veulent réellement les Allemands, il sera encore plus dur de leur donner satisfaction.