RT : Quelles leçons peut-on retirer de ces premiers résultats ?
Felix Moreno : On constate ici deux principaux enjeux. Le premier, c’est que les gens en ont ras-le-bol des partis politiques traditionnels en Espagne. Ils sont très fâchés contre la corruption sans fin de leurs élites. Ainsi, ils veulent punir les deux partis principaux du pays qui ont tous deux perdu un grand nombre de voix.
Et de l’autre côté, on voit qu’en Espagne, à la différence du Royaume-Uni où David Cameron s’est renforcé lors de son second mandat, ici la reprise a été si faible et si lente, c’est pourquoi les gens ressentent toujours la crise économique et sont mécontents de la politique du gouvernement.
RT : Est-ce qu’un tel résultat lors de ces élections législatives était attendu ?
Felix Moreno : Le Parti populaire (PP) et le Parti socialiste (PSOE) sont les deux grands partis traditionnellement au pouvoir en Espagne ces 20 dernières années. Ces deux partis avaient l’habitude d’obtenir à eux deux au moins 80% de votes, mais lors de ces élections, pour la première fois depuis très longtemps, ils réunissent à peine la moitié de ce chiffre.
Ainsi, au lieu de voter pour les partis traditionnels, les gens ont donné leurs voix à ces nouveaux partis, Podemos et Ciudadanos. En fait Podemos se satisferait de créer un gouvernement de coalition avec le Parti socialiste. Et ils l’ont déjà fois à plusieurs reprises dans des au niveau local et régional. Il est assez possible qu’on arrive à un gouvernement de coalition ou une sorte de pacte mais on ne sait pas encore si ce sera le parti au pouvoir aujourd’hui avec l’aide de Ciudadanos par exemple, ou bien le Parti socialiste et Podemos. Ce sont les deux options principales auxquelles le pays fait face en ce moment.
RT : Qu’est-ce qui a poussé les Espagnols, selon vous, à voter de cette façon ?
Felix Moreno : Le peuple n’est pas satisfait de l’état actuel de la politique. Ils ont été déçus par les principaux partis et ils cherchent des alternatives. C’est ce qui se passe aussi dans d’autres pays. Ce mécontentement de la population conduit à la radicalisation. Dans le cas de la France, cela amène au Front National, en Grèce, Espagne, Portugal et d’autres pays, cela a pour conséquence l’émergence de partis de gauche tels que Podemos ou Syriza.
Espérons qu’on ne va pas constater des expérimentations très radicales et que ces partis vont modérer leur positions lorsqu’ils arriveront au pouvoir. Mais qui sait ? On voit définitivement beaucoup de changements à travers toute l’Europe et il est clair que la nouvelle génération, les jeunes électeurs entre 20 et 30 ans sont ceux qui conduisent ce changement.