RT en français : Pensez-vous que le Tsahal va se contenter d'une incursion terrestre limitée au Liban ?
César Abou Khalil : L'aviation israélienne n'a pas cessé de bombarder les quartiers civils de la banlieue sud de Beyrouth et de nombreuses autres régions libanaises. L'armée israélienne a commencé par menacer d'une invasion qui arriverait jusqu'à Beyrouth, puis ils ont dit qu'ils allaient seulement atteindre le fleuve Litani et maintenant ils disent que ce serait une incursion minime sur la frontière pour détruire des postes du Hezbollah.
Dans tous les cas, n'importe quelle incursion sur le territoire libanais serait une atteinte à la souveraineté et à l'intégrité du territoire, et elle serait bien sûr contrée avec la résistance du peuple libanais ainsi que de l'armée libanaise.
RT en français : Cette nouvelle tension avec l'Iran poussera-t-elle Israël à atténuer son action au Liban ?
C. A. K. : J'espère qu'Israël respectera enfin la loi internationale, respectera les résolutions de l'ONU et respectera le cessez-le-feu tout au long de la frontière libanaise. Mais le problème, c'est que cette agressivité continue, cette politique d'agression continue, cette utilisation démesurée de la force par Israël est en train d'élargir le conflit et de menacer la paix internationale. Israël est un État terroriste gouverné par une bande de psychopathes et de fanatiques religieux. Et on ne peut pas espérer grand-chose avec ces gens-là.
Peut-être la riposte iranienne les fera reconsidérer leur position et leur politique d'agressivité. Mais dans tous les cas, moi, ce qui m'importe en tant que député libanais, c'est la sécurité de mon pays. C'est la sécurité des Libanais. C'est de cesser le bombardement des quartiers résidentiels libanais qui a déjà causé un exode massif de près d'un million de Libanais. Israël est en train de faire un déplacement systématique de la population dans certaines régions pour causer un peu plus de chaos, pour affaiblir le front interne libanais.
Nous sommes en train de travailler avec les amis du Liban pour un cessez-le-feu sur toute la frontière libanaise et pour un respect de la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU 1701 qui demande de cesser le feu sur tout le long de la frontière du sud du Liban et le respect de la souveraineté, de l'intégrité du territoire libanais.
RT en français : Sur le plan humanitaire, comment le gouvernement libanais va gérer le déplacement de la population du sud du pays ?
C. A. K. : Le gouvernement libanais s'est préparé pour cette éventualité il y a quelques mois. Il a formé un comité ministériel, ils ont préparé des lieux d'hébergement, ils ont ouvert les écoles publiques et les bâtiments publics pour héberger les déplacés. Cependant, tout ce qu'ils font n'est pas suffisant. Les communautés libanaises dans les régions qui ont reçu les déplacés sont en train d'être mobilisées pour les aider. Il y a un grand problème pour sécuriser l'eau, les vêtements, les matelas pour dormir, la nourriture.
La situation humanitaire est déplorable. Cependant, les Libanais sont en train de démontrer une solidarité nationale inégalée et ils sont en train de gérer la situation autant qu'ils peuvent.