RT en français : Avec ce déplacement aux États-Unis, Volodymyr Zelensky veut-il un plan de paix ou cherche-t-il le soutien occidental ?
Philippe de Veulle : C'est évidemment une demande d'aide occidentale aux alliés occidentaux sur ce conflit qui commence à être douloureux et interminable. Et qui n'est pas à l'avantage de l'Ukraine. C'est pour cela que son plan pour la victoire pourrait être risible s'il n'était pas aussi grave, car ce terme employé par le président Zelensky de plan de la victoire, prouve qu'il ne maîtrise pas très bien la situation sur le terrain, quand bien même il a fait une incursion sur la région de Koursk au mois d'août.
Justement en entraînant ses alliés occidentaux à utiliser des armes contre les troupes, contre les Russes, ce qui lui était interdit. Évidemment, il joue la course contre la montre. Pendant ces élections, nous sommes à 45 jours à peu près des élections américaines, et l'enjeu de ces élections est crucial, parce qu'en cas de victoire de M. Trump, on est sûr qu'il y aura un terme à cette guerre parce que c'est la volonté du président Trump. Et en cas de victoire de Mme Harris, c'est un risque d'escalade, voire de Troisième Guerre mondiale.
RT en français : Au cours de cette visite, un prétendu plan de la victoire, dénommé ainsi - plan de la victoire - est présenté par Zelensky aux États-Unis, qui serait sans doute une demande d'aide supplémentaire à Washington. Comment vous expliquez ça ?
Philippe de Veulle : Évidemment, parce qu'une guerre est très coûteuse et l'argent qu'à donné chaque fois l'Occident, notamment les États-Unis, avec ce budget de 60 milliards de dollars, ça se dépense très vite. Et l'Ukraine ne dispose pas d'autant de ressources que cela pour maintenir un front qu'elle est en train de perdre, dans le sud du Donbass.
Évidemment, c'est une forme de supplication auprès du président Biden, qui est en fin de course, qui au mois de janvier devra quitter Washington, peu importe le résultat et qui à mon avis ne bougera pas plus de ce qu'il a fait. Et on s'aperçoit que M. Zelensky brave une fois de plus
la réalité du conflit et il y a une scène qui m'a un peu choqué lors de son déplacement actuel aux États-Unis, c'est que
avec des officiels américains responsables du complexe militaro-industriel ils ont signé des bombes qui allaient certainement frapper le front du côté du Donbass ou du côté de la Russie. Ce n'est pas dans cet esprit-là qu'on peut trouver une solution pour un cessez-le-feu, voire la paix.
RT en français : Et le fait que ce déplacement aux États-Unis coïncide actuellement avec l'Assemblée générale des Nations Unies à New York, ne pensez-vous pas que Zelensky cherche une fois de plus une certaine posture internationale dans son conflit avec la Russie ?
Philippe de Veulle : Oui, bien sûr, il profite évidemment à la fois de ce moment des élections américaines et de cette Assemblée générale de l'ONU à New York pour attirer sur lui les projecteurs de l'international et notamment d'attirer la Chine et l'Inde dans cette proposition de plan de la victoire. Mais je pense qu'il va se heurter à une fin de non recevoir car tous les pays sont au courant de la situation et sont au fait de la situation militaire qui est quand même désastreuse pour l'Ukraine. Je crois qu'il ferait mieux de trouver une solution immédiate pour un cessez-le-feu, pour entamer une possibilité de discussion, car le président Poutine lui a proposé aussi une solution de fin au conflit.
Mais on dirait que M. Zelensky profite de tous les moments que lui accordent l'agenda et des agendas électoraux des différents pays pour trouver une solution.
Pour le moment, par exemple, le président Macron ne pourra plus faire grand-chose compte tenu qu'il n'a plus de majorité à l'Assemblée nationale et qu'il ne pourra plus débloquer des fonds comme il l'a fait auparavant.
RT en français : Côté européen, pour le chef de la diplomatie hongroise, la majeure partie des membres de l'ONU souhaite un dénouement pacifique de la situation en Ukraine contrairement à l'UE. Comment vous analysez cette approche ?
Philippe de Veulle : C'est une forme de lucidité du président hongrois qui connaît bien le sujet, qui est proche des acteurs, aussi bien ukrainiens que russes.
Et vous avez, en effet, dans l'Union européenne une doctrine. Quoique! Vous avez quand même un départ en arrière de la part d'Olaf Scholz qui a envie de se dégager de ce conflit parce qu'il a une très forte pression politique dans son pays, on l'a vu lors des dernières élections qui prouvent que cet acharnement à soutenir un allié est dangereux. Je répète, c'est dangereux, car on peut nous mener dans une troisième guerre mondiale. Mais je crois que beaucoup de responsables dans les hautes sphères stratégiques et politiques commencent à se méfier et à émettre de sérieux doutes.