RT en français : Pour Bruxelles et l'élite européenne, la compétitivité face à la Chine et les États-Unis passe par une maîtrise du domaine de la transition verte et du numérique. L'Union européenne est-elle en mesure de faire face à ces deux géants ?
Marc Gabriel Draghi : Clairement la réponse est non. [...] Avec ce rapport de 400 pages qui a été fourni à la Commission européenne, on voit Mario Draghi proposer le plus gigantesque plan de relance de l'histoire de l'Union européenne, soi-disant pour réussir à concurrencer la Chine et les États-Unis. Avec comme prétexte de mettre un terme à la lente agonie économique de l'Union européenne. La lente agonie, c'est le terme utilisé par Mario Draghi et c'est une réalité. Mais ce que Mario Draghi propose, c'est-à-dire la mutualisation des dettes au niveau de la zone euro et la suppression des droits de veto nationaux, c'est un projet politique qui vise à amener les nations européennes occidentales, qui sont en déliquescence aussi bien politiquement qu'économiquement, vers le fédéralisme européen.
RT en français : Pensez-vous que le manque de consensus européen concernant la crise ukrainienne soit un obstacle face à la concurrence et aux relations entre l'UE et les autres puissances, notamment la Chine ?
M. G. D. : Qu'on soit clair, le conflit en Ukraine vise prioritairement la Russie comme puissance, mais aussi en deuxième ou troisième objectif, la liquidation de l'Europe comme potentiel rival économique des États-Unis, et même de la Chine. Et dans un premier temps des États-Unis, puisque ce sont les États-Unis qui poussent et qui alimentent ce conflit.
Beaucoup de pays ne sont pas d'accord sur les politiques à mettre en œuvre, mais en réalité, le conflit en Ukraine vise pour nous, Européens occidentaux, à liquider nos pays pour les faire muter vers une organisation transnationale.
Ce sont des arguments qui pourraient paraître complotistes, mais en fait, on voit que l'agenda est rondement mené depuis 2022, on nous pousse de plus en plus à abandonner notre souveraineté nationale, que ce soit sur le plan de la défense, de la diplomatie, ou des secteurs économiques.
Mais ce plan de relance ne résoudrait en rien les problèmes économiques des États européens. Ce ne serait que du gâchis puisqu'il n'y a pas de réelle politique industrielle. L'Union européenne, qui ne fait qu'élaborer des normes et qui ne met pas en place de programme industriel, gaspillerait cet argent comme elle l'a toujours fait depuis plusieurs décennies et ne serait pas en passe de se mettre à niveau par rapport aux politiques de subvention des États-Unis et de la Chine.
C'est de la poudre aux yeux et en réalité, ça sert un agenda politique qui vise à détruire les nations européennes. Et Mario Draghi est le premier acteur qui joue sur ce plan-là.
RT en français : Quel impact pourrait avoir la réalisation de ce nouveau plan économique sur les citoyens européens ?
M. G. D. : Il aura en réalité un très faible impact. Actuellement, on observe une croissance au niveau de l'Union européenne et de la zone euro, plus spécifiquement à 2,4-2,5%. L'année dernière, elle était à 5,3%, sachant que l'inflation était à 6,7%. Cette année, la croissance est espérée à 2,4%, alors que l'inflation officielle selon Eurostat est à 2,7%. En réalité, l'Union européenne est en crise économique depuis 2021-2022. Il y a eu une volonté politique de se priver des ressources peu chères qui étaient fournies par la Russie notamment.
L'Union européenne a fait le choix de la liquidation économique. L'industrie allemande a été la première à le payer. Elle avait été construite grâce notamment aux gaz russes et aux ressources venant de l'Est. Donc, si ce programme est mis en œuvre, il y aura un faible impact qui ne remettra pas du tout un coup de boost à l'économie de l'Union européenne. Il s'agit surtout d'un agenda politique.
En réalité, ce plan, c'est la mise en esclavage des peuples européens et en particulier des peuples latins, que sont la France, l'Espagne ou encore l'Italie. C'est la fin de leur industrie. L'Europe occidentale ne pourra pas s'en sortir si elle ne fait pas la paix avec la Russie. Si les nations européennes veulent retrouver un équilibre économique sain, nous n'avons pas le choix. Nous devons nous entendre avec la Russie et le peuple russe.