RT en français : Les États-Unis justifient de nouvelles sanctions imposées contre RT par la prétendue ingérence dans la présidentielle américaine de 2024. Trouvez-vous cette justification plausible ?
Guy Mettan : Évidemment qu’elle n’est pas très plausible. Il s’agit de la répétition de ce qui s’est passé en 2015-2016 au moment des dernières élections américaines, où on avait accusé la Russie d’ingérence dans les affaires électorales. Cela s’est avéré complètement faux. On voit une montée en puissance des accusations contre la Russie et contre RT, qui sont totalement fabriquées afin d’influencer le vote des Américains en faveur de la candidate Kamala Harris, comme ça avait été le cas en 2015 avec Hillary Clinton. C’est la répétition d’un scénario qui est maintenant bien connu.
RT en français : Au vu de l’interdiction de RT depuis plus de deux ans aux États-Unis, de quelle ingérence du média s’agit-il ?
G. M. : On nage en pleine contradiction. Mais comme on est dans une propagande depuis maintenant plusieurs années, ces contradictions passent totalement inaperçues. L’idée, c’est de pouvoir diffuser ce genre d’informations auprès des électeurs de façon à influencer le vote. On est complètement en dehors de la réalité. C’est l’objet même de la propagande. On voit qu’effectivement il y a une mise en œuvre de ces opérations qui sont totalement déconnectées de toute réalité. C’est tellement absurde qu'on se demande même comment ça peut marcher.
RT en français : Aujourd’hui, on a l’impression que Washington a peur des opinions alternatives à la veille de ces élections…
G. M. : Je ne crois pas que ce soit une peur, puisqu’effectivement, RT est interdite. Je pense que c’est uniquement une manière de peser sur le vote des électeurs, pour les mobiliser en faveur de la candidate démocrate. C’est uniquement pour pouvoir diffuser la nouvelle dans les médias, je ne vois pas d’autre intérêt à ce type de censure.
RT en français : On pourrait aussi noter des parallèles avec les affaires Dourov, Assange ou même Snowden. L’information libre dérange-t-elle tellement aujourd’hui les décideurs mondiaux ?
G. M. : Elle dérange partout. Ce qui est intéressant, c’est que chez nous, en Occident, on se félicite de la pluralité de la presse. Mais en réalité, on constate qu’elle n’existe plus, qu’elle est mise à mal. Vous avez rappelé avec justesse les affaires Assange, Snowden, Dourov… C’est aussi une manière de faire oublier ce qui se passe ici en Occident. C’est-à-dire qu’on projette des accusations sur l’autre, en l’occurrence sur RT, pour mieux dissimuler les censures qui ont lieu ici en Occident. C’est aussi à cela que sert toute cette manigance contre RT.
RT en français : RT n’a pas été évincé complètement du champ médiatique mondial. Au contraire, la chaîne couvre presque tout le continent africain, l’Amérique latine, le Moyen-Orient…
G. M. : On assiste à une radicalisation, à une extrémisation de la censure de la Russie en Occident. Parce que depuis quelques années, surtout depuis le début de l’opération militaire spéciale en Ukraine, il y a un durcissement des autorités européennes vis-à-vis de la liberté de la presse qui se traduit par l’interdiction des médias russes. Mais en même temps, grâce au pluralisme de la presse qui existe au niveau mondial, ce narratif ne passe plus. Il réussit encore à s’imposer en Occident. Il y a quand même une diversité d’opinions qui s’établit au niveau mondial et qui cassent le narratif occidental. C’est la grande chance de notre époque de pouvoir assurer ce pluralisme non plus au sein de l’Occident, mais à l’échelle mondiale. Et peu à peu, ça aura aussi un effet sur l’opinion publique occidentale, qui est de moins en moins dupe de ces manières de faire.