L’une des plus grandes farces de nos temps est que ceux qui crient le plus fort à la démocratie et aux droits de l’Homme sont les mêmes qui violent les normes internationales à chaque occasion.
Dans le numéro de juin de The New Republic, un journal politique américain de gauche, un Donald Trump renfrogné figurait en première de couverture arborant une moustache hitlérienne au-dessus d’une légende indiquant : « Le fascisme américain, ou ce à quoi il ressemblerait. »
« Nous avons choisi l’image de couverture, inspirée d’une célèbre affiche d’une campagne électorale d’Hitler de 1932, pour une raison précise : toute personne transportée dans l’Allemagne de 1932 aurait pu très aisément justifier les excès de Herr Hitler et rester persuadée que les critiques allaient trop loin », ont expliqué les éditeurs dans une publication sur X (ancien Twitter). « Après tout, Hitler a passé l’année 1932 à faire campagne, à négocier, à donner des interviews, à être globalement un homme politique normal. Mais lui et son peuple ont toujours juré qu’ils utiliseraient les instruments de la démocratie pour la détruire, et ce n’est qu’après son arrivée au pouvoir que l’Allemagne a découvert le vrai visage de son mouvement. »
Pas de fascisme en vue
Mais il y a un hic dans l’écriture nerveuse de ce journal : Trump a déjà effectué un mandat de quatre ans à la tête des États-Unis, et pendant cette période il n’y a eu aucun signe visible de pas de l’oie fasciste sur la Main Street. En fait, c’est tout le contraire qui s’est produit. Alors qu'Adolf Hitler, le 1e septembre 1939, avait envahi la Pologne déclenchant ainsi la Seconde Guerre mondiale, Trump a gravé son nom dans les livres d’Histoire comme le premier commandant en chef américain des temps modernes à avoir évité tout conflit militaire. Aujourd’hui en campagne pour un deuxième mandat, alors que l’insatiable industrie de la défense se lèche les babines devant davantage de profits, le favori des Républicains a déclaré qu’il mettrait fin au conflit entre l’Ukraine et la Russie en 24 heures s’il est réélu.
Si l’on considère que la « démocratie » travaille aujourd’hui principalement pour le compte du complexe militaro-industriel et d'autres intérêts commerciaux associés, on comprend plus facilement pourquoi Trump est décrit, dans les médias contrôlés par de grandes entreprises, comme une menace existentielle pour la république américaine. La paix est la dernière chose que Washington a en tête, et la Russie le comprend mieux que n’importe quel pays.
«L’élargissement de l’OTAN représente une grave provocation qui réduit le niveau de confiance mutuelle»
En 2008, le « dictateur » Vladimir Poutine prononçait son célèbre discours lors de la Conférence de Munich sur la sécurité, où il mettait en garde ses collègues occidentaux contre les dangers d’une expansion militaire.
« L’élargissement de l’OTAN... représente une grave provocation qui réduit le niveau de confiance mutuelle. Et nous avons le droit de demander: contre qui cet élargissement est-il dirigé ? Et qu’est-il advenu des garanties données par nos partenaires occidentaux après la dissolution du pacte de Varsovie ? Où sont ces déclarations aujourd'hui ? Personne ne s’en souvient. »
Malgré l’avertissement explicite de Poutine, l’OTAN a admis six nouveaux membres dans l’alliance, portant leur nombre total à 32, avec l’Ukraine ignorant la principale ligne rouge de Moscou qui envisage de devenir le 33e. Tous ceux qui affirment que ce n’est qu’une « alliance de défense » feraient bien de réfléchir à la réaction des États-Unis, si toute l’Amérique latine et l’État frontalier, le Mexique, adhéraient à une alliance militaire dirigée par Moscou. Il va sans dire que nous serions déjà plongés jusqu’aux genoux dans un bain de sang. Néanmoins, la Russie est censée accepter une incursion militaire sans fin à sa frontière.
Ce n’était certainement pas la dernière tentative de la Russie de négocier un accord de paix avec les États-Unis. Près de huit ans après la révolution de Maïdan en 2014, et quelques mois avant que Moscou ne commence son opération militaire spéciale en Ukraine, le Kremlin a publié son plan pour la paix sur le continent. Le projet de traité prévoyait notamment que les États-Unis et la Russie s’abstiendraient de déployer des troupes dans les régions où ils pourraient être considérées comme menace pour la sécurité nationale de l’autre, ainsi que l’interdiction d’envoyer leurs troupes et matériel militaire dans les zones où ils pourraient frapper le territoire de l’autre. Le traité avait également pour objectif d’interdire le déploiement de missiles à moyenne portée en Europe. Si les puissances occidentales avaient accepté ce projet, qui n’a guère fait parlé de lui dans les pays de l’OTAN, il n’aurait pas été difficile d’imaginer des décennies de paix entre l’Est et l’Ouest, mais c’est la dernière chose que souhaite Washington.
La Russie placée dans une position impossible par Washington
Au lieu de cela, les États-Unis et leurs marionnettes européennes ont placé la Russie dans une situation impossible face à la militarisation et la nazification continues de l’Ukraine, l’obligeant à réagir comme l’aurait fait n’importe quel autre pays qui se soucie de sa sécurité nationale.
Cela nous amène au troisième Père fouettard préféré de l’Occident, le Premier ministre hongrois Viktor Orban, qui a osé déclarer que son pays était majoritairement chrétien et conservateur, et qu’il a tous les droits de le rester. Orban, dont le pays assure désormais la présidence tournante de l’UE, a effectué une mission de paix lors de laquelle il s’est rendu à Moscou, à Kiev, à Pékin et à Washington (où il en a offusqué plus d’un en rendant visite à Trump à Mar-a-Lago, plutôt qu’à Biden à Washington). La frustration de Bruxelles voyant le « tyran » hongrois s’exprimer en faveur d’une baisse de ventes d’armes était risible, voire absolument pathétique.
« La Hongrie a présenté ces voyages comme une "mission de paix" pour aider à négocier un cessez-le-feu dans la guerre en Ukraine. Orban peut se considérer comme une des rares personnes à pouvoir s’adresser aux deux parties, mais en réalité, il n’a pas été mandaté pour le faire », a écrit Armida van Rij, chercheuse principale à Chatham House, un groupe de réflexion européen. La question reste de savoir qui parlera au nom de la paix si ce n’est Trump, Poutine et Orban. Jusqu’à présent, la réponse est : personne.
Bien qu’il y ait certainement d’autres hommes d’État que Trump, Poutine et Orban sur la scène internationale pouvant plaider en faveur de la paix, le temps presse pour entendre ces voix décisives.