Cette année, le 75e anniversaire de la fondation de l’OTAN est célébré en grande pompe. Le point culminant des festivités sera le sommet de l’Alliance atlantique qui se tiendra les 9 et 10 juillet à Washington. À cette occasion, «l’alliance défensive» a lancé, y compris en Autriche, une campagne de relations publiques bruyante et de grande envergure sous le slogan «Un pour tous, tous pour un». Il est vrai qu’en matière d’auto-louange, l’OTAN n’a rien à envier à personne. Le bloc se laisse volontiers célébrer comme garant de la sécurité, artisan de paix et de salut dans l’espace transatlantique.
Pourtant, si on examine les récentes «missions de paix de l’OTAN», il apparaît clairement qu’elles n’ont apporté que mort et destruction au monde. Il suffit de se rappeler le bombardement de la Yougoslavie, effectué en violation du droit international, qui a tué plus de 1 700 civils. Le porte-parole de l’OTAN Jamie Shea avait alors cyniquement qualifié les nombreuses victimes innocentes de «dommages collatéraux». Ou bien l’échec lamentable de «l’opération antiterroriste» poursuivie pendant 20 ans en Afghanistan, ou encore l’intervention «humanitaire» d’une coalition des pays membres de l’OTAN en Libye qui a plongé le pays dans le chaos et la misère. Ce qui ne correspondait pas à «l’ordre mondial basé sur des règles» des États-Unis devait être adapté.
La Russie, une épine dans le pied de l'OTAN
En raison de sa position de principe au Conseil de sécurité de l’ONU, la Russie a toujours été une épine dans le pied de l’OTAN. Les relations entre notre pays et l’Alliance atlantique n’ont pas été faciles. Les travaux du Conseil OTAN-Russie, créé en 2002, se sont enlisés. Malgré plusieurs projets mutuellement avantageux comme, par exemple, le programme commun de formation des forces de sécurité pour l’Afghanistan, l’initiative de coopération aérienne ou un plan commun de lutte contre le terrorisme, l’agenda de confrontation a toujours pris le dessus. L’Occident parlait des principes de transparence et d’entente mais n’a jamais été prêt à abandonner les mécanismes de dissuasion et d’intimidation à l’encontre de notre pays.
Aucune des initiatives de la Russie pour créer un espace de sécurité unique et commun ou pour réduire le poids du facteur militaire en Europe n’a été prise au sérieux. Ainsi, la ratification d’une version adaptée du Traité sur les forces conventionnelles en Europe a été rejetée, tout comme la proposition d’un traité de sécurité européenne unique.
Les contradictions de principe entre la Russie et l’OTAN ont commencé à se faire sentir bien avant la crise ukrainienne. La progression des États-Unis vers l’Est, leur sortie des accords fondamentaux de maîtrise des armements, l’abandon du principe d’indivisibilité de la sécurité à l’égard de la Russie, l’établissement de nouvelles lignes de démarcation et une activité agressive dans l’espace postsoviétique – tout cela a conduit à une sérieuse dégradation de nos relations.
L'OTAN avait besoin d'un adversaire à sa taille pour exister
En fin de compte, pour continuer à exister, une grande alliance militaire comme l’OTAN avait besoin d’un adversaire commun à sa taille. Ce qui avait été obstinément nié pendant des années à tous les niveaux est finalement devenu position officielle en 2022. Dans son nouveau concept stratégique, l’Alliance atlantique a désigné la Fédération de Russie comme la menace la plus importante et la plus immédiate pour la sécurité des alliés dans la zone euro-atlantique. Les masques sont finalement tombés.
À l’heure actuelle, la confrontation de l’OTAN avec notre pays s’étend dans toutes les directions géographiques. Le flanc est de l’Alliance atlantique, en particulier, est renforcé. Devenue principale arène du conflit, l’Ukraine est gorgée d’armes par les pays de l’OTAN. Par le biais de «conseillers militaires», ils dirigent le commandement de l’armée ukrainienne et fournissent au pays des informations de reconnaissance. Un grand nombre de civils sont tués par les armes de l’OTAN. Dans le même temps, les pertes subies par les Ukrainiens ne constituent pas un problème particulier pour leurs parrains occidentaux. Pour l’Alliance atlantique, elles ne sont qu’un moyen d’arriver à ses fins.
«L’alliance militaire s’étend comme un cancer»
L’alliance militaire s’étend comme un cancer et tente d’entraîner de plus en plus de pays dans sa spirale de confrontation avec la Russie. L’Autriche ne fait pas exception. Les citoyens autrichiens résistent toujours à la propagande (le dernier sondage a montré que 74% des répondants étaient clairement contre l’adhésion de leur pays à l’OTAN), mais pour combien de temps ? Les dirigeants actuels ignorent largement cette opinion dans leur travail quotidien. Pour notre part, nous tirons nos propres conclusions sur la base des réalités politiques.
En ce qui concerne les relations de l’Alliance atlantique avec la Russie, il ne faut pas s’attendre à ce qu’elles se normalisent dans un avenir proche. La responsabilité en incombe à Washington et à ses satellites. C’est donc à eux de corriger les erreurs commises à l’égard de la Russie. Mais l’OTAN doit comprendre ceci : sans respect mutuel des intérêts de sécurité de chacun, sans égalité des droits et sans reprise d’un dialogue objectif sur les mesures de renforcement de la sécurité en Europe, il n’y aura pas de perspective de redémarrage de nos relations.
Quant à savoir s’il aura lieu un jour, cela reste une grande question. Après tout, l’OTAN, né de la Guerre froide, a la rivalité avec la Russie dans les gènes, et cela ne changera guère. Mais c’est une voie sans issue.