RT France : Qu’avez-vous pensé du discours du président ?
Eric Anceau : Nous, en tant que patriotes gaullistes et républicains, bien évidemment nous sommes pour l’unité nationale. Nous nous réjouissons que François Hollande ait pris la solennité d’un discours devant le Congrès de Versailles pour annoncer des mesures très fermes. Certaines des mesures sont celles que nous réclamons depuis deux ans, concernant le rapprochement avec la Russie pour éradiquer Daesh, soit la première vague d’attentats, celle du janvier 2015 où nous réclamions des mesures d’urgence.
Le deuxième aspect – c’est bien beau de modifier la Constitution mais nous estimons qu’il y a des mesures d’urgence à prendre – comme la mise à l’écart, l’isolement, le confinement des djihadistes qui ont une fiche «S» – c’est une mesure fondamentale à prendre, l’abrogation des lois Dati et Taubira ainsi que le rétablissement des frontières nationales.
RT France : Vous avez écrit que 60 heures après les attentats il n’y avait aucun contrôle sérieux aux frontières. Pensez-vous que le gouvernement changera quelque chose en la matière ?
Eric Anceau : Il faut toujours espérer de son propre gouvernement. Mais j’ai des doutes puisque nous sommes extrêmement contraints par les accords de Schengen d’une part – il est exclu que le gouvernement français les mette en cause. D’autre part, nous l’avons vu hier encore une fois, François Hollande est dans la pure idéologie. Devant le Parlement européen à Strasbourg, il avait dit qu’il haïssait les frontières nationales. Hier il n’en était pas si loin – il a utilisé une périphrase pour les condamner. On voit que plusieurs djihadistes sont passés avec des Kalachnikov et des ceintures explosives dans un sens et, l’un d’entre eux a réussi à repasser dans l’autre sens sans être arrêté alors que nous étions dans une période post-attentats.
RT France : Est-ce que vous pensez que la déchéance de la nationalité est une mesure efficace ?
Eric Anceau : C’est une mesure qui sera d’une inefficacité totale sur 90-95% des djihadistes qui, on l’a vu, sont prêts à mourir, et déchirent leur carte d’identité – c’est évident que cela ne les fera pas renoncer à leurs plans. Mais c’est un geste fort vis-à-vis de la Nation. Cela montre que l’Etat n’est plus prêt à accepter des individus de ce type au sein de la Nation. Nous réclamions cette mesure depuis longtemps.
RT France : François Hollande a également parlé du Pacte de sécurité que certains ont déjà qualifié de «Patriot Act» à la française. Serait-il une solution dans la lutte contre le terrorisme ?
Eric Anceau : Il y a des mesures positives, d’autres qui sont insuffisantes. Les propositions de François Hollande ne nous satisfont pas complètement. A mon avis, nous sommes loin du Patriot Act. Nous sommes dans un Etat républicain, il y a un certain nombre de garde-fous que l’on n’a pas retrouvé dans le Patriot Act américain. Il y a des mesures que nous avons condamnées comme celles qui concernent internet, dans lesquelles nous trouvons qu’il y a des éléments liberticides, donc en tant que gaullistes et républicains nous les condamnions.
RT France : Cette fameuse phrase de Benjamin Frankin «Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre, et finit par perdre les deux» est-elle toujours d’actualité au XXIème siècle ?
Eric Anceau : Face au danger qui nous menace, il y a à titre provisoire, un certain nombre de mesures à prendre. C’est pourquoi, même si nous sommes très attachés à la Constitution, nous ne sommes pas contre son adaptation annoncée par le président Hollande, au vu des dangers de 2015. Il faut qu’il y ait un certain nombre de garde-fous, il faut que ces mesures soient réalisées à temps et que l’on ait les garanties à tous les niveaux. Oui à une adaptation mais une grande prudence en la matière. Il faut prendre des mesures d’urgence qui ne sont pas liberticides sauf à l’égard des personnes confirmées de représenter un danger réel et qui doivent être isolées.
RT France : François Hollande a affirmé la volonté de la France de participer dans la coalition dans la lutte anti-Daesh, que «la France parle avec tout le monde» y compris la Russie. Quel est votre avis sur la question ?
Eric Anceau : C’est un très bon signe que la France se tourne vers la Russie, c’est un virage à 180 degrés. Nous n’étions pas les seuls dans la classe politique à dénoncer cette attitude absolument aberrante qui consistait à mettre la Russie totalement à l’écart. C’est un virage qui vient bien tard. Je soulignerais quand même que François Hollande était tellement arcbouté sur sa position, que même les Etats-Unis avaient estimé ces dernières semaines que cette position était intenable. Il a fallu malheureusement la vague d’attentats dramatiques de ce vendredi noir pour que le président se raisonne et change sa position. C’est extrêmement salutaire. Toute solution doit passer par une concertation très étroite avec la Russie.
RT France : Quelles seraient les mesures à prendre pour se protéger des attentats ?
Eric Anceau : Il y a des mesures immédiates : retirer de la société tous ceux qui sont indiqués comme des terroristes dangereux. Le deuxième élément dont personne ne parle : certains sont satisfaits que le président Hollande nous parle du retour des policiers, des gendarmes et des recrutements. Mais il faudra attendre au moins deux ans pour qu’ils soient recrutés et formés. Les mesures immédiates – c’est le recrutement des agents administratifs avec le basculement des policiers qui sont actuellement dans les bureaux et le placement en leur lieu et place des agents administratifs recrutés dans l’urgence. C’est une mesure élémentaire, je suis stupéfait que ni le gouvernement ni la classe politique dans sa totalité ne pense à ce genre de mesures. Il faudrait aussi expulser les imams étrangers qui prêchent le Djihad et fermer la centaine de mosquées salafistes qui sont une honte pour la grande majorité de nos compatriotes musulmans. Il faudrait enfin revenir sur les lois Dati et Taubira, responsables du laxisme judiciaire dont ont profité la plupart des terroristes comme ce kamikaze du 13 novembre, condamné huit fois et jamais incarcéré.