L’ancien haut responsable de l’intelligence économique revient d’abord sur l’histoire de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord, depuis sa création en 1949 face à la menace soviétique jusqu’à la récente opposition en méditerranée orientale entre deux membres, la France et la Turquie. Ce rappel historique permet à Alain Juillet de constater que «l’Alliance Atlantique s’est investie dans des guerres qui n’étaient pas toujours réellement en ligne avec ses objectifs statutaires».
En parallèle, le projet d’une défense européenne déjà envisagée dès 1950 face à l’hégémonie américaine au sein de l’OTAN n’a jamais abouti, malgré l’insistance de la France et sa volonté de «mettre sur pied une défense européenne commune plus ambitieuse avec des moyens militaires permanents sous sa bannière». Selon Alain Juillet, «dans un monde où les conflits militaires régionaux ou locaux se multiplient et où les dépenses militaires atteignent des sommets avec des croissances moyennes de 5%», il dresse le constat suivant : «Aucun des pays européens n’ayant seul la capacité de se défendre et d’être ultra performant dans les cinq espaces du combat moderne, c’est à l’Europe d’être en capacité d’assumer la responsabilité de leur propre sécurité et d’agir de manière autonome quand c’est nécessaire». Une affirmation d’autant plus vraie, selon lui, puisque «l’Amérique s’éloigne et l’OTAN est en crise en ayant perdu progressivement sa fiabilité».
Pour Alain Juillet, ces difficultés à créer une défense européenne face à l’OTAN sont également liées à l’industrie d’armement. Des pays membres préférant s’armer auprès des Etats-Unis en échange de certaines contreparties et ne voyant pas d’intérêt au développement d’une industrie de défense. Dans son analyse Alain Juillet conclut qu’aujourd’hui «l’OTAN est incapable de régler ses conflits internes et est même devenue un frein politique à l’unité européenne et un ferment de déresponsabilisation».