«La crise au sujet des caricaturistes, des attentats contre Charlie Hebdo, des attaques terroristes perpétrées à Copenhague le 14 février est une partie importante de notre histoire que les élèves doivent apprendre dans le cadre du programme scolaire», a écrit la porte-parole du parti populaire conservateur Mai Mercado dans le journal danois Jyllands-Posten.
Jyllands-Posten avait suscité de vives réactions d’indignation et de colère venant du monde musulman en septembre 2005 par la publication de 12 caricatures du prophète Mahomet, dont une le représentait avec une bombe dans son turban. Au parti populaire conservateur, on ajoute que les enseignants auraient le choix de la réimpression des caricatures controversées dans les manuels des élèves.
«D’un point de vue politique, nous ne réglementons pas les détails de ce que les élèves apprennent, cette ancienne tradition a pour but de s’assurer que les écoles danoises sont toujours libres de toute interférence politicienne», a indiqué Mercado à l'AFP.
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Mercado estime que, même si les enseignants ne montrent pas les caricature de Mahomet aux élèves pendant le cours, les élèves «iront chez eux et chercheront de l’info sur Google», parce que les enfants sont naturellement curieux.
Le Parti populaire danois (DF), un autre parti d’opposition crédité de 19,6 % des intentions de vote dans un sondage récent, a rejoint l'appel à ouvrir des «cours sur les caricatures de Mahomet». Les membres du parti considèrent que l’apprentissage de la crise des caricatures et de ses conséquences doit être obligatoire dans toutes les écoles du pays.
«Su tu vis au Danemark, tu dois être aussi capable de tolérer ces dessins», a déclaré le porte-parole du parti Alex Ahrendtse cité par le quotidien Berlingske.
Tandis que les conservateurs veulent que les caricatures soient enseignées en cours d’histoire, le Parti populaire danois insiste pour que cela soit fait dans le cadre d’un cours d’études religieuses.
«L’un des grands défis de notre temps est la menace islamiste et la pression sur nos droits et nos libertés qui s’est accumulée au fil des ans», a ajouté le porte-parole du DF Martin Henriksen.
D’après le président du syndicat des enseignants danois Anders Bondo Christensen, c’est aux professeurs de décider comment présenter le sujet en cours. Dans une interview accordée à l’agence d’information Ritzau, il a proposé d’«inviter quelques parents des enfants musulmans afin qu’ils expliquent pourquoi cela les provoque».
«La polémique à propos de la représentation du prophète Mahomet est un thème incontournable de l’enseignement religieux, et je suis vraiment surpris qu’aucun manuel, pour l’instant, ne contienne ces caricatures. Cela doit arriver, et mieux vaut tôt que tard», a-t-il dit à DR news.
Cependant, Dennis Hornhave Jacobsen, président de l’Association danoise des enseignants d’histoire et de sciences sociales, trouve que c’est une mauvaise idée de faire cours sur les caricatures de Mahomet parce que «cela peut mettre fin à toutes les discussions sur la nature de la liberté d’expression : il y a des enfants dans les écoles qui croient que la caricature du prophète est inacceptable et le débat sera stoppé net».
On a rapporté que plusieurs écoles danoises enseignent déjà la polémique de Mahomet en classe de troisième à titre facultatif. Le débat sur les caricatures de l’islam a été ravivé par les attentats meurtriers des 7-9 janvier en France qui ont visé directement la rédaction de Charlie Hebdo et la population juive.