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Irak : une ville assyrienne de l’Antiquité rasée par l’Etat islamique (VIDEO)

Les extrémistes de l’Etat islamique ont détruit la ville assyrienne antique de Nimroud, située dans le nord de l’Irak près de Mossoul. C’est la destruction la plus récente causée par l’EI au patrimoine national irakien.

«Il [l’Etat islamique] a lancé un assaut […] contre la ville de Kalkhu et l’a détruite au bulldozer, après s'être emparé des sites archéologiques du 13ème siècle avant notre ère», selon une déclaration du ministère du Tourisme et des Antiquités irakien sur sa page Facebook officielle.

Le ministère a ajouté que le groupe continuait à «défier la volonté du monde et les sentiments de l’humanité». Pourtant, il n’a pas précisé l'ampleur des dommages causés par les extrémistes aux perles de l’ère assyrienne.

La destruction a commencé jeudi après la prière de midi, a annoncé un officiel irakien à AFP, en ajoutant qu’on pouvait voir des camions sur le lieu historique.

«Les partisans de l’Etat islamique sont entrés dans la ville archéologique de Nimroud et ont pillé les objets précieux, ils ont ensuite procédé à la démolition de la ville», a annoncé une source tribale à Reuters. «Il y avait des statues et des murs ainsi qu’un château que l’Etat islamique a complètement détruits».

Certains savants et experts comparent la destruction de Nimroud à la démolition des Bouddhas de Bamiyan en  par les Talibans en 2001.

«Cela est vraiment considéré comme le berceau de la civilisation occidentale, c’est pourquoi cette perte, en particulier, est tellement dévastatrice», a déclaré à AP Suzanne Bott, conservatrice en chef du patrimoine d’Irak et d’Afghanistan de l’université d'Arizona, qui travaillait à Nimroud.

«Ce qui reste sur le site est spectaculaire en matière d’information sur la vie de nos ancêtres», a-t-elle ajouté. «On compare ce site à la tombe égyptienne du pharaon Toutankhamon».

«Les extrémistes détruisent exprès l’héritage du peuple irakien», croit Jack Green, conservateur en chef du musée de l’Institut oriental de Chicago et un expert en art irakien.

«C’est une destruction délibérée de l’héritage et des symboles visant à effacer l’histoire et l’identité du peuple irakien, dans le passé ou dans le présent», a-t-il dit. «Cela a un influence majeure sur l’héritage de la région».

La ville assyrienne de Nimroud a été fondé au treizième siècle av. J.-C., et se trouve près du fleuve Tigre. L’empire assyrien a été l’un des Etats les plus influents de l’Antiquité : après son ascension dans les années 2500 av. J.-C., il occupait un territoire courant de la Méditerranée à la mer Caspienne.

Dans les années 1980, les scientifiques ont découvert les tombes royales de la ville, ce qui a constitué une des découvertes archéologiques les plus importantes du vingtième siècle.

La plupart des artefacts ont été transportés dans des musées à Mossoul, Bagdad,  et Londres. Cependant, les statues géantes de lammasu, une créature légendaire assyrienne traditionnellement représentée sous forme de lion ou de taureau avec des ailes d’aigle et un visage humain, étaient restées sur le site.

L’assaut de Nimroud intervient une semaine après la destruction par les combattants de l’EI d’un autre site historique : le musée de la ville irakienne de Mossoul qu’ils ont prise en juin. Le groupement djihadiste avait alors mis en ligne une vidéo dans laquelle les extrémistes mettent en pièces des statues et objets anciens en affirmant vouloir détruire les symboles de l’idolâtrie. Certains de ces objets dataient du septième siècle av. J.-C.

En février, les djihadistes ont fait sauter la Bibliothèque publique de Mossoul à l’aide de bombes de fabrication artisanale. En janvier, les combattants ont vidé la Bibliothèque centrale de Mossoul de tous ses livres laïcs.


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