L’envoyé spécial des Nations unies Bernardino Leon a déclaré devant le Conseil de sécurité de l’ONU que l’équilibre fragile en Libye, où deux gouvernements rivaux se disputent le contrôle du pays, est en passe de basculer du côté de l’Etat islamique.
Alors que le chaos progresse en Libye, les combattants de l’EI ont pris le contrôle mardi de trois champs de pétrole. Des attaquants armés inconnus, ayant prêté allégeance à l’EI, ont fait irruption mardi sur les champs d'Al-Mabrouk, d'Al-Bahi et d'Al-Dahra, avant de détruire une partie importante des équipements. De son côté, le colonel Hakim Maazab, le chef de la brigade de protection des champs de pétrole centraux, a déclaré au Wall Street Journal que ses troupes projetaient de reprendre le champ de Dahra.
«Je ne doute pas que rien n’arrêtera les groupes terroristes tels que l’Etat islamique dans leur objectif d’exacerber les divisions politiques … pour consolider leur propre présence et influence en Libye», a souligné mardi Bernardino Leon devant les 15 membres du Conseil. Il a ajouté que l’urgence et la précipitation avec lesquelles la Libye avait requis une aide internationale ne devaient pas être ignorées ni sous-estimées.
Avec le soutien de l’Egypte, la Libye avait demandé au Conseil de sécurité des Nations unies de supprimer l’embargo sur les livraisons d’armes imposé en 2011, vers la fin de la présidence de Mouammar Kadhafi.
«Ces demandes sont liées au renforcement des capacités des forces aériennes libyennes de sorte qu’elles puissent surveiller le territoire du pays, ses frontières et prévenir les intrusions des terroristes sur les champs et installations pétrolifères tout en protégeant les capitaux, de même que la richesse du pays», a affirmé l’ambassadeur libyen auprès des Nations Unies, Ibrahim Dabbashi.
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Mais malgré l’embargo, l’afflux d’armes illégales dans ou depuis le pays n’pas pu être endigué après la mort du colonel Kadhafi. Le comité des sanctions doit maintenant décider de l’approbation occasionnelle de l’envoi d’armes au gouvernement libyen.
Les autorités libyennes ont également demandé l’aide de la marine internationale pour mettre fin au commerce illégal, qu’il s’agisse de pétrole ou d’armes. «Si les dirigeants libyens n’agissent pas vite et énergiquement, il existe un risque réel et imminent pour l’unité nationale et l’intégrité territoriale de la Libye», a estimé l’envoyé spécial des Nations unies.
La Tunisie voisine se prononce, elle, contre toute intervention militaire en Libye, appelant à trouver une solution politique. «L’instabilité actuelle en Libye est le résultat de l’intervention militaire de l’OTAN dans ce pays», a fait savoir le Premier ministre tunisien Habib Essid à la mi-février.
Le mois dernier, des avions de combat égyptiens ont effectué un raid aérien contre les cibles de l’EI en Libye après la décapitation de 21 chrétiens coptes par les combattants de l’Etat Islamique qui ont, par la suite, mis en ligne la vidéo de leur forfait.
Alors que les violences s’intensifient dans toute la Libye, l’ONU se prépare à relancer les négociations entre deux gouvernements opposés, à essayer de conclure un cessez-le-feu et à former un gouvernement d’unité nationale.