La vidéo est devenue populaire après avoir été postée sur Facebook par l’ancien membre ultranationaliste de la Knesset, Michael Ben-Ari, avec l’inscription : «Les soldats ont donné une leçon au petit terroriste». Ensuite, la vidéo a été retirée, mais certaines copies ont été partagées sur Internet.
L’agence de presse palestinienne Wafa a rapporté que l’attaque s’était produite le 23 décembre 2014 dans la «zone tampon» en Cisjordanie, entre la ville de Beit Ummar et la colonie israélienne voisine de Carmei Tzur, située au sud de la ville.
La vidéo montre Hamzeh Abu Hashem, 16 ans, poussant des cris alors que des soldats israéliens le tiennent et qu’un chien l’attaque. On entend les soldats ordonner au chien de «l’attraper» et demander «C’est qui la poule mouillée ?»
Hamzeh Abu Hashem était accusé d’avoir lancé des pierres sur les soldats. Tsahal a déclaré avoir lancé une «enquête interne» en précisant que «les mesures nécessaires seront prises pour éviter que ce type d'incidents se reproduise».
L’avocat militaire le major-général Danny Efroni a ordonné de mener une enquête sur les soldats impliqués dans cet incident, a rapporté Channel 10.
D'après le père de l'adolescent, Abu Hashem, cité par le quotidien israélien Haaretz, son fils a été hospitalisé à cause des morsures du chien, avant d'être transféré en prison, où il se trouve toujours. «Nous, sa mère et moi, avons regardé cette vidéo, et nous n’avons pas pu croire à ce que nous voyions», a-t-il dit. «Ma femme a presque perdu conscience. Je ne sais pas s’il y a une mère ou un père dans le monde qui peut rester indifférent à ces images. Cela nous a peinés, en particulier le fait que le garçon n’avait pas d’arme alors que les soldats se moquaient de lui».
Pourtant, l’organisation israélienne de défense des droits de l’homme B'Tselem a déclaré que cette vidéo n'était qu'un exemple de pratiques «courantes» dans l'armée israélienne. L’organisation a documenté certains incidents similaires qui se sont produits au cours de l’année dernière.
On utilise des chiens comme les armes
Achiya Schatz, un ancien soldat de l’armée israélienne, coordinateur du projet de Breaking the silence – une organisation d’anciens soldats israéliens qui révèle les méfaits commis dans les territoires occupées – , a condamné les attaques et confirmé que ces incidents n’étaient pas extraordinaires.
«Quand on fait partie de l’armée, ce type d’événements se produit. Ce n’est pas extraordinaire. Quand on utilise l’armée pour contrôler la population, quand on occupe les territoires, c’est la réalité», a confié à RT l’ancien soldat.
Il a aussi ajouté qu’il y avait peu d’espoir que l’enquête puisse entraîner des changements dans les procédures utilisées par l’armée.
«Les enquêtes ne mènent à rien. Si nous ne mettons pas fin à l’occupation, nous ferons face à l’augmentation de ce type d’incidents. En tant que soldat, on vous dit de faire ressentir votre présence pour effrayer la population. C’est très simple d’aller trop loin et très souvent on ne sait pas où est la limite», explique le coordinateur.
Achiya Schatz a déclaré que dans ce cas le chien n’est pas seulement utilisé pour maîtriser le criminel mais aussi dans le but d’entretenir la peur au sein de la population.
«Ce chien particulier est un chien d'attaque. Il a été entraîné pour attaquer. Ici, on voit un chien qui est utilisé contre un enfant de 16 ans. Ce qu’on voit ici c’est que le chien n’est pas utilisé pour attraper mais pour effrayer», conclut l’ancien soldat.