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Kiev tente d’invalider le plan de retrait des armes lourdes et de saper les accords de Minsk

D’après les dirigeants des milices du Donbass, Kiev essaye d’invalider le plan de retrait des armes lourdes de la ligne de front, sapant les accords de Minsk, tandis que l’OSCE constate que Kiev ne retire pas son artillerie.

Selon les accords de Minsk 2, les armes lourdes doivent être retirées de la ligne de front à partir du 22 février. Mais les représentants des Républiques populaires de  et de Lougansk Denis Pouchiline et Vladislav Deynego ont déclaré conjointement que Kiev «essaye d’invalider le plan».

L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) qui effectue une mission d’observation dans la zone de conflit, a affirmé que Kiev n’avait pas retiré ses armes de la ligne de front.

«Les forces militaires ukrainiennes restent silencieuses. Elles ne retirent pas leurs armes lourdes et déclarent qu’elles ont besoin d’une pause. Cela suscite certaines inquiétudes de l’OSCE car cette pause pourrait durer indéfiniment», a dit l'ambassadeur russe à l'OSCE Andreï Kelin.

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Kiev respecte les accords de Minsk de manière sélective, a déclaré mercredi Andreï Pourguine, un porte-parole de la République populaire autoproclamée de Donetsk, sur la chaîne de télévision Rossyia 24. Les représentants du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et de la mission humanitaire de l’ONU dans le Donbass essayent de mettre un terme au «blocus» des régions de l’Est par Kiev, a-t-il ajouté.

«Étant donné que nous avons retiré près de 400 armes lourdes [de la ligne de front], nous ne voulons pas les ramener là où elles étaient», ont avoué Pouchiline et Deynego, en exprimant l’espoir que la rencontre du groupe de contact jeudi «va aider à éviter de telles erreurs».

Denis Pouchiline a aussi dit qu’ils étaient «forcés de s’adresser à , de même qu’aux garants du processus de paix – la chancelière Merkel, le président Hollande et le président Poutine – pour les inciter à empêcher l'échec des intentions pacifiques».

Denis Pouchiline et Vladislav Deynego ont aussi exprimé l’espoir que l’Ukraine allait respecter le document signé et entamer le retrait de son artillerie.

L'ambassadeur russe auprès de l'OSCE a ajouté que Kiev n’avait pas encore promis de retirer son artillerie. D’autre part, il y a deux jours que les milices ont déclaré qu’elles étaient prêtes à «permettre l'accès de la mission aux endroits où les armes seront stockées», a souligné Andreï Kelin.

Le président de l'Assemblée parlementaire de l'OSCE, Ilkka Kanerva, a affirmé que les forces antigouvernementales avaient refusé de donner à la mission d’observation de l’OSCE un «accès illimité» dans l’est de l’Ukraine.

A leur tour, les milices ont déclaré qu’elles avaient envoyé un inventaire à l’OSCE et que les observateurs avaient refusé leur invitation d’aller contrôler le déroulement du retrait de leurs armes lourdes.

«Nous croyons que le rôle de l’OSCE est crucial. Encore une fois, nous confirmons que nous sommes intéressés à la présence de l’OSCE tout au long du processus de retrait des armes. L’OSCE doit être présente pour contrôler le retrait des armes par les deux parties», a constaté le porte-parole des forces antigouvernementales Edouard Bassourine mercredi.

Pendant ce temps, Andreï Pourguine a déclaré sur la chaîne Rossyia 24 que «l’OSCE refuse de prendre note du retrait de nos armes».

Il a aussi noté que la situation humanitaire dans le  s’était aggravée depuis le début du cessez-le-feu et que la région était «près de la catastrophe» après l’introduction d’un blocus par Kiev.

Les membres du groupe de contact – l’Ukraine, la Russie et l’OSCE – ont constaté la diminution de bombardements lourds, selon le secrétaire de presse de l’ancien président ukrainien Leonid Koutchma qui représente Kiev dans les négociations.

La paix en Ukraine est «fragile» mais elle s’installe, a déclaré mercredi le ministre serbe des Affaires étrangères et président en exercice de l’OSCE, Ivica Dacic, au cours d’une intervention de la Commission d'Helsinki (la Commission pour la sécurité et la coopération en Europe) devant le Congrès américain.

Kiev demande plus d’armes

Après l’accord sur le retrait des armes lourdes, l’Ukraine a continué à demander de nouvelles armes à d’autres pays.

Andreï Parubiy, le premier vice-président du parlement ukrainien, a présenté une liste des armes que Kiev souhaite obtenir des Etats-Unis pendant sa rencontre avec le sénateur républicain John McCain mardi à Washington. «Quelques armes sont non létales. Par exemple, les radars et les drones, les communications radio et les dispositifs de suppression d'interférences», a déclaré Andreï Parubiy.

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L’intéressé a encore dit que le président américain Barack Obama avait déjà vu cette liste, en ajoutant que l’engagement américain de fournir des armes pourrait encourager d’autres pays à suivre cette décision.

De plus, lors d’une autre visite, à Ottawa cette fois, Andreï Parubiy avait souligné que le Canada pourrait influencer la décision de Washington. «Le Canada est une sorte voix autoritaire qui peut faire pression en faveur de cette décision. Il peut influencer la décision américaine».

En outre, l’ancien président géorgien Mikheïl Saakachvili, qui est récemment devenu conseiller du président ukrainien Petro Porochenko, se trouve maintenant dans un voyage d’affaires à Washington avec la mission de persuader les Etats-Unis de fournir des armes à Kiev.

«Un nombre aussi important de députés [américains] n’a jamais consenti à me rencontrer, même quand j’étais président», a posté Saakachvili sur Facebook à propos de son voyage, avant d’ajouter : «34 rencontres en trois jours».

Pendant ce temps, la sous-secrétaire à la politique de Défense Christine Wormuth a déclaré pendant une séance au Congrès mercredi que des sanctions sévères contre la Russie pourraient «être potentiellement plus efficaces et avoir moins d’inconvénients» que d’armer l’Ukraine.