International

Les militaires américains défilent à 300 m de la frontière russe (VIDEO)

L’Estonie, membre de l’OTAN, a organisé un défilé militaire dans la ville frontalière de Narva à 300 mètres de la frontière russe. Tallinn critique depuis longtemps la politique de Moscou, jugée trop agressive à son égard.

Le défilé militaire de mardi a été organisé à l’occasion du Jour de l'Indépendance de l’Estonie. Le commandant des forces militaires estoniennes Riho Terras était en tête des troupes alors que le président Toomas Hendrik Ilves les passait en revue.

Plus de 140 unités de combat de l’OTAN ont participé au défilé, y compris quatre blindés américains M1126 Stryker, arborant un drapeau des Etats-Unis. Un autre Etat étranger, les Pays-Bas, ont présenté quatre véhicules chenillés de combat Stridsfordon 90 de production suédoise (ou CV9035NL Mk III selon l’appellation néerlandaise).

L’Estonie a également présenté ses obusiers, des missiles antichar et anti-aériens, des blindés et d’autres équipements militaires. Plus de 1 400 soldats ont défilé dans les rues de Narva.

Ce défilé est apparemment une rebuffade adressée à la Russie, que l’Estonie accuse de mener une politique agressive en Europe de l’Est. Le gouvernement estonien figure parmi ceux qui ont ouvertement accusé la Russie de mener une guerre secrète contre l’Ukraine, en livrant des armes et en envoyant des troupes aux forces anti-gouvernementales dans le Donbass.

Moscou dément ces accusations et insiste sur le fait que le gouvernement actuellement au pouvoir en Ukraine s’est aliéné les habitants de l’Est du pays et a déclenché une guerre civile au lieu de régler les différends par le dialogue.

L’OTAN a utilisé le conflit en Ukraine comme prétexte pour prôner le renforcement de sa présence militaire en Europe de l’Est pour faire face à une prétendue «agression» russe. Les trois Etats baltes sont parmi les plus fervents supporters de cette politique.

La Russie voit cette situation comme une preuve supplémentaire du fait que l’OTAN est un bloc militaire antirusse, qui vise à s’étendre jusqu’à la frontière du pays et à mettre en danger sa sécurité.

Le gouvernement estonien défend son droit d’exécuter n’importe quel exercice militaire sur son territoire.

«Narva fait partie de l’OTAN aussi bien que New York ou Istanbul, et l’OTAN défend chaque mètre carré de son territoire», a expliqué le Premier ministre estonien Taavi Roivas dans son discours à Tallinn.

Historiquement, Narva est une source de confrontation entre la Russie et la Suède depuis des décennies, depuis l’époque où ces deux nations se battaient pour instaurer leur influence sur cette région. La ville est passée plusieurs fois d’un côté à l’autre, devenant russe en 1704 pour servir d’avant-poste militaire.

L’appartenance de la ville a été une nouvelle fois contestée au début de la révolution bolchévique de 1917, à la suite de la dissolution de l’Empire russe. Narva a été gouvernée par la république autoproclamée de l’Estonie, par les troupes allemandes et par l’Armée rouge pour revenir enfin à l’Estonie, conformément aux clauses du traité de paix entre l’Estonie et la Russie.

Après la Deuxième Guerre mondiale, la ville est repassée de l’Allemagne nazie dans le giron de l’Union soviétique, avec les autres pays baltes, avant de devenir indépendante en 1991.

Une partie importante des habitants de la ville sont des Russes ethniques et un mouvement autonomiste y est assez fort, un élément que la Russie pourrait utiliser selon les politiciens estoniens. En commentant ces tendances dans une interview au Washington Post, le président Ilves a estimé que considérer que Narva appartenait à une région potentiellement séparatiste était «ridicule».