Une recommandation du Service de Sécurité d'Ukraine (SBU) publiée hier vise à priver 100 médias russe de leur accréditation à exercer leur activité dans le pays. Cette liste comprend TASS, Rossiya Segodnya et toutes les chaînes russes sauf Dozhd (chaîne connue pour son soutien à l'opposition en Russie) selon la porte-parole du service Elena Gouitlianskaïa. Les médias seront non-accrédités jusqu’à la fin du conflit ukrainien.
«La décision tout à fait discriminatoire du parlement ukrainien de priver les médias russes d’accréditation gouvernementale s’inscrit dans la continuité d’une politique visant à débarrasser l’espace médiatique ukrainien de tout point de vue alternatif», a signalé le ministère russe des Affaires étrangères dans une déclaration la veille.
Le ministère a ajouté qu’une telle décision intervient «en porte-à-faux avec les résolutions du sommet au format Normandie» et met en doute «l’intérêt de Kiev à la résolution pacifique du conflit».
Le porte-parole du président russe Dmitri Peskov a informé samedi que le Kremlin touchera un mot à Kiev à ce sujet, soulignant «l’inadmissibilité de telles mesures». Il a aussi dit à TASS que Moscou ne répondra pas aux actions de Kiev en compromettant l'accès des médias ukrainiens à l'auditoire russe car «la Russie est un pays où l’activité des médias est régulée par la loi et où les journalistes russes et étrangers ont les mêmes droits d'obtenir des informations».
Kiev continue à lutter contre tout ce qui est russe, mais cette limitation n’empêchera pas les journalistes russes de continuer à «éclairer de manière objective» le conflit ukrainien, a lancé samedi Leonid Sloutskiï, président de la commission CEI (Communauté des Etats Indépendants) à la Douma d’Etat.
En avril dernier, les autorités ukrainiennes ont imposé des restrictions sévères sur l’entrée en Ukraine d’hommes russes âgés de 16 et 60 ans en l’absence de leurs familles. Les hommes russes seuls ont désormais la permission de se rendre en Ukraine seulement s’ils ont des parents proches ou une invitation officielle.
La prohibition de Kiev à l’égard des journalistes et des médias russes en Ukraine n’est «rien de plus que la continuation d’une politique d’abus systématiques dans le domaine des droits de l’homme, de la liberté d’expression, de la liberté de la presse et de l’accès à l’information», a déclaré plus tôt Konstantin Dolgov, secrétaire aux droits de l’homme du Ministère des Affaires étrangères russe. Il a qualifié la décision d’«acte de guerre de l’information» et appelé à la communauté internationale - l'OSCE en particulier - à réagir convenablement à ce problème.
Plus tôt en février, 239 parlementaires ukrainiens ont voté pour la suspension des accréditations des journalistes russes jusqu’à ce que le conflit dans l’est de l’Ukraine soit terminé.