International

Ukraine : le journaliste russe assassiné Andreï Sténine revit dans ses photos épiques de Maïdan

Les événements sanglants qui se sont produits à Kiev en 2014 ont été immortalisés par des milliers de caméras. Quelques mois avant sa mort, le photojournaliste Andreï Stenin a pris quelques clichés qui resteront parmi les plus marquants de Maïdan.

Né en 1980 dans une petite ville de l’Oural, Sténine s’est fait un nom en tant que journaliste pendant ses jeunes années avant chosir la photographie, transformant un hobby en travail de toute une vie. Bientôt, il deviendra un photographe indépendant sollicité par toutes les agences internationales, de l’AFP à Associated Press, avant de signer avec l’agence de presse russe RIA Novosti.

«Il était un employé entêté qui avait sa propre vision de choses, il n’avait pas peur de faire prévaloir son point de vue. Mais il était incroyablement motivé et réactif. Souvent, nous l’avons appelé au milieu de la nuit pour lui dire d’aller quelque part et nous l’avons entendu répondre “j’y suis déjà”», se rappelle Alexander Shtol, éditeur photo en chef à RIA Novosti.

Accro à l’action

Ses collègues notaient qu’il ne cachait pas sa lassitude en prenant des photos de protocole et qu’il demandait toujours à être envoyé dans le feu de l’action, au cœur des manifestations, des catastrophes naturelles ou des zones de conflit.

«Quand nous parlions avec lui des indemnités journalières et d’autres détails pratiques, il disait juste, “on en parlera plus tard, j’ai déjà pris un billet”», raconte Shtol.

Sténine a travaillé en Libye, en  et en Syrie pendant le printemps arabe.

«A chaque fois qu’il parlait des endroits où il s’était rendu pour le travail, il semblait qu’il subissait une transformation physique et que ses yeux s'éclairaient».

Plusieurs personnes disaient que Sténine était «accro» à l’action. Quand les manifestations de Maïdan se sont passées d’un joyeux mouvement étudiant en une impasse complète, il a demandé à être envoyé en .

Mais le photojournaliste n’était pas un assoiffé d’adrénaline imprudent à la recherche de la gloire, bien qu’il ait gagné beaucoup de prix photographiques pour des images saisies dans des endroits que d’autres craignaient de visiter.

«Il était un homme au grand cœur, un homme gentil, mais aussi un homme fiable. Nous avons dû souvent travailler dans des conditions extrêmes et avec lui, j'ai toujours senti que mes arrières étaient couverts», se souvient Vladimir Astapkovich, un autre photojournaliste.

«Si je pars maintenant, je ne saurai pas comment cela finira»

Lorsque l’effusion de sang en Ukraine s’est accentuée, les rédacteurs à Moscou insistaient pour que Sténine, qui n’avait ni femme, ni enfant, prenne une pause pour sa sécurité et sa santé mentale.

«Si je sors de l’histoire maintenant, je ne reviendrai jamais en Ukraine, et je ne saurai pas comment cela finira», a-t-il dit à Shtol au début de l’été 2014.

Mais la guerre a continué.

Le 6 août, Sténine a été abattu dans sa voiture alors qu’il suivait un convoi de civils qui fuyaient le conflit dans l’est du pays. Le convoi, qui était accompagné par des membres des forces d’autodéfense de Donetsk, a été attaqué par des forces gouvernementales selon les résultats d’une enquête russe.

«Ce que Sténine faisait n’était pas seulement de la photographie, c’était un travail de documentation de l’histoire», a dit son collègue Vladimir Viatkine. «Tôt ou tard, quelqu’un payera pour les atrocités commises en Ukraine et ces photos seront les preuves».

Le travail de Sténine a donné naissance au concours international de photographie Andreï Sténine qui s’est tenu à Moscou avec le soutien de Rossiya Segodnya. Le concours, qui se déroule actuellement du 22 décembre au 3 juin, donnera la possibilité de briller à de nouveaux talents .