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La Libye demande la levée de l’embargo sur les armes pour combattre l’EI (VIDEO)

La Libye et l’Egypte ont demandé au Conseil de sécurité de l’ONU de lever les restrictions sur les livraisons d’armes au gouvernement libyen, mais ont renoncé à l’intervention militaire proposée par l’Egypte pour combattre l’Etat islamique.

«La  a besoin d’un mouvement décisif de la communauté internationale pour nous aider à renforcer les capacités de l’armée nationale et cela pourrait se faire par la levée de l’embargo sur les armes pour que notre armée puisse obtenir du matériel militaire et des armes pour combattre le terrorisme rampant», a déclaré le ministre libyen des Affaires étrangères, Mohamed Al-Dayri, devant le Conseil de sécurité de l’ONU. Son pays est plongé dans le chaos depuis l’intervention de l’OTAN qui a renversé le gouvernement du colonel Mouammar Kadhafi en 2011.

Al-Dayri a souligné que la Libye ne demandait pas une intervention internationale mais que la communauté internationale avait «une responsabilité légale et morale d’apporter un soutien urgent».

«La communauté internationale doit prêter assistance pour réorganiser l’armée [libyenne]. En premier lieu, pour armer les troupes», a dit le ministre libyen. «Si nous ne pouvons pas obtenir d’armes, cela ne peut que faire le jeu des extrémistes», a-t-il déclaré en notant que Tripoli avait demandé à l’Egypte de soutenir l’armée libyenne. Al-Dayri a encore prévenu que toute la région méditerranéenne était en danger.

Depuis que l’Egypte est intervenue en Libye suite à la décapitation de 21 chrétiens coptes par l’Etat islamique, le Caire joue un rôle actif dans la résolution des questions de sécurité dans cette région. De plus, le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Shoukry, soutient la demande de la Libye pour une levée de l'embargo sur les armes.

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Le ministre égyptien a appelé à «des mesures concrètes pour empêcher toutes les milices et entités non gouvernementales d’acquérir des armes en instaurant un blocus naval sur les armes qui arrivent en Libye sans être contrôlées par les autorités légitimes».

La Jordanie, membre non permanent du Conseil de sécurité, a soumis un projet de résolution, soutenu par l’Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis et Bahreïn, pour une levée de l’embargo. Mercredi, les représentants permanents de la Ligue arabe ont également tenu une réunion d'urgence, appelant les Nations unies à lever cet embargo.

L’embargo sur les livraisons d’armes a été imposé à la Libye dans les dernières semaines du gouvernement de Mouammar Kadhafi et maintenant un comité des sanctions examine au cas par cas les cargaisons qui doivent être livrées au gouvernement. Ces restrictions n’ont pourtant pas empêché les armes illégales d’affluer vers la Libye de partout depuis la mort de Kadhafi.

Auparavant, le président égyptien anti-islamiste, Abdel Fattah al-Sissi, avait déclaré que le monde n’avait pas d’autre «choix» que de construire une force militaire pour combattre les militants islamistes de Libya Dawn qui ont pris le contrôle de grands parcelles de ce pays d’Afrique du Nord. Le Caire a déjà lancé des frappes aériennes sur le territoire libyen contre les positions islamistes importantes après que les milices inspirées par l’Etat islamique ont décapité 21 chrétiens coptes. Mais le Caire a échoué à obtenir un soutien suffisant de l’Occident et d’autres pays arabes pour procéder à une intervention d’envergure.

La Tunisie voisine s’oppose pour sa part à toute intervention militaire en Libye et croit qu’une solution politique est plus appropriée, a déclaré le Premier ministre tunisien Habib Essid, mercredi. Il a rappelé que «l’instabilité actuelle en Libye est le résultat de l’intervention militaire de l’OTAN».

, qui a recueilli près de 170 000 réfugiés libyens en 2014, est, elle aussi, en faveur d’une solution diplomatique et a promis d’entraîner les forces armées libyennes pendant la réunion du Conseil de sécurité. «On doit admettre que la situation s’est aggravée. Le temps dont nous disposons n’est pas illimité et pourrait bientôt être épuisé», a affirmé le ministre italien des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni, avant d’ajouter : «Déclarer que nous sommes en première ligne ne veut pas dire que nous partons à l’aventure ou lançons des croisades».

Bernardino Leon, l’émissaire spécial des Nations unies pour la Libye, a annoncé au Conseil de sécurité de l’ONU que l’Etat islamique avait trouvé en Libye «un terreau fertile à cause de l’instabilité politique croissante qui a suivi la révolution».

Début février, les combattants djihadistes ont revendiqué la responsabilité de certaines attaques en Libye et ces dernières semaines, ils se sont emparés d’une chaîne de télévision d’Etat et de deux stations de radio dans la ville de Syrte.

«La prise d’installations publiques à Syrte et l’attaque du mois dernier contre l'hôtel Corinthia à Tripoli reflètent une détermination et des possibilités croissantes pour l’Etat islamique d’exploiter la crise politique…pour consolider sa présence et son influence à travers la Libye», a déclaré Bernardino Leon devant le Conseil de sécurité.

Les analystes politiques dans le monde entier s’accordent sur le fait que la situation actuelle dans ce pays nord-africain est la conséquence directe de la campagne aérienne de .

La situation est «exactement la conséquence du type de guerre que l’OTAN a menée en Libye, détruisant ses infrastructure, provoquant l’effondrement de l’Etat et permettant à un groupe de différentes milices d’être traitées comme des héros», a déclaré à RT Vijay Prashad, professeur au Trinity College dans le Connecticut et auteur du livre intitulé Printemps arabe, hiver libyen.

Selon le professeur, l’intervention «a créé une situation qui fait qu’il y a aujourd’hui deux gouvernements. Et dans ce chaos, bien-sûr, le groupe qui se développe le plus efficacement, c’est celui qui s’appelle Etat islamique».

Pour sa part, l’OTAN nie être responsable de cette crise, en renvoyant la communauté internationales et d’autres organisations à leurs responsabilités.

«Nous devons nous rappeler que l’opération de l’OTAN en Libye a été menée en conformité avec un mandat clair de l’ONU. Elle avait pour but de protéger les populations civiles contre les attaques du régime et nous l’avons fait», a déclaré mercredi le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, pendant sa visite en Lettonie. «Je crois que le défi, c’est ce qui s’est passé après», a ajouté Stoltenberg. «On aurait dû avoir un meilleur suivi, une communauté internationale plus présente mais ce n’est pas de la seule responsabilité de l’OTAN. Il y a beaucoup d’organisations internationales concernées», a conclu le secrétaire général.