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Egypte : Mohamed Morsi échappe à la peine de mort

La cour pénale du Caire a condamné le président déchu Mohammed Morsi à 20 ans de prison pour les massacres de manifestants perpétrés en 2012. Cette condamnation du président égyptien est un première dans le pays.

Lors des violences qui ont eu lieu près du palais présidentiel en décembre 2012, les partisans de Mohammed Morsi ont attaqué des manifestants de l’opposition, provoquant ainsi des affrontements dans lesquels au moins dix personnes ont trouvé la mort. 

Mohamed Morsi comparaissait avec 14 coaccusés, la plupart membres du mouvement islamiste des Frères musulmans, pour répondre de ces massacres alors qu’ils étaient au pouvoir. Douze autres accusés ont été condamnés comme l’ancien président a 20 ans de prison pour avoir "usé de la violence, fait arrêter et torturer des manifestants" lors de la répression de l’opposition et deux autres à 10 ans. Ils ont tous été acquittés du chef d’inculpation de meurtre. 

Les 15 accusés échappent ainsi à la peine de mort, ce qui fait apparaitre ce jugement comme clément au regard des condamnations antérieures prononcées à l’encontre d’autres membres des Frères musulmans. Le 28 avril 2014, le tribunal de Minya avait requis la peine de mort pour près de 700 Frères musulmans, dont leur chef Mohamed Badie, accusés de violences et de meurtres de policiers. Le 2 décembre 2014, un tribunal condamnait à la peine capitale 183 partisans de l’ex-président Morsi pour leur implication dans la mort de 13 policiers au cours de heurts. Ces procès de masse sont « sans précèdent dans l’Histoire récente » selon l’Organisation des Nations Unies. Des troubles menés par les Frères musulmans avaient conduit à la mort de 1 400 manifestants et à l’emprisonnement de 15 000 autres.        

            Arrêté par l’armée le 3 juillet 2013 à l’issue de manifestations rassemblant des millions d’Egyptiens, l’ex-président Morsi est à la barre des accusés dans quatre autres procès, notamment pour « trahison », « espionnage » et « évasion de prison ». Après la chute d’Hosni Moubarak en 2011 dans le sillage des coups d’états des « printemps arabes », les Frères musulmans avaient exploité le désordre politique pour parvenir au pouvoir derrière le paravent du Parti Liberté et Justice.

            Depuis la chute de Mohamed Morsi, l’Egypte a retrouvé sa stabilité politique. Le nouvel homme fort du Caire, l’ex-chef de l’armée Abdel Fattah Sissi élu avec plus de 95% des voix en mai 2014, a fait de la lutte contre les Frères musulmans et l’agitation islamiste une de ses priorités. En décembre 2013, au lendemain d’un attentat-suicide à Mansoura ayant fait 15 morts, les autorités égyptiennes ont déclaré les Frères musulmans organisation terroriste, permettant ainsi d’interdire toutes ses activités, notamment ses manifestations meurtrières et de prévenir tout retour politique du mouvement islamiste.