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S’exprimer librement en Ukraine peut s’avérer mortel

Des groupes de liberté de la presse en Europe et aux Etats-Unis ont condamné l’assassinat du journaliste ukrainien d’opposition Oles Buzina. C’est le dernier meurtre en date parmi ceux qui se prononcent contre le gouvernement de Porochenko.

Un autre militant actif contre Maïdan, Oleg Kalashnikov, a trouvé la mort dans des circonstances mystérieuses mercredi soir. Selon l’enquête, le mobile du meurtre le plus sérieux est «l’activité politique» d’Oleg Kalashnikov liée à «sa participation à l’organisation et au financement» d’événements contre-révolutionnaires en Ukraine.

Quatre journalistes et activistes politiques presque tous critiques du nouveau gouvernement pro-occidental ont été abattus en une semaine à peine.

Le président russe a fait un commentaire sur la mort d’Oles Buzina, sitôt après avoir pris connaissance de la nouvelle. D’après Vladimir Poutine, ce meurtre n’est qu’un simple assassinat  politique.

Au total, 11 journalistes et activistes politiques ont perdu la vie en Ukraine ces trois derniers mois. La police parle de suicides. Le président ukrainien, quant à lui, affirme qu’il s’agit d’une provocation délibérée.

«Les enquêteurs doivent prendre en considération tous les scénarios possibles et suivre toutes les pistes sans que leur travail soit influencé par quelque politisation», a souligné Johann Bihr, responsable du bureau Europe de Reporters sans Frontières.

Dans une interview à RT, un ancien journaliste de la télévision ukrainienne Roman Gnatyuk a expliqué que ces meurtres avaient fini par perdre «leur effet choc». D’après lui, ce qui intéresse les gens n'est désormais plus de savoir «qui sera puni», mais plutôt «qui sera le prochain».

Roman Gnatyuk estime que ceux qui ne pensent pas comme les autres, qui ne suivent pas la propagande du gouvernement pourraient bientôt finir dans «des ghettos, des zones spéciales».

«Cela irait tellement loin que seule une intervention internationale pourra y mettre un terme», a-t-il indiqué.

Alors que le nombre de meurtres et de décès augmente, la question qui se pose est de savoir si s’exprimer en Ukraine peut devenir dangereux.

Toutefois, les médias occidentaux sont réticents à couvrir les meurtres en Ukraine. Selon Tony Gosling, journaliste et historien britannique, les grands médias ne cherchent pas à rentrer dans le détail de ces assassinats.

«Plus de dix personnes qui soutenaient l’ancien régime à Kiev, ont été tuées. Cela a tout l’air d’assassinats commandités, et pourtant, personne n’a trop relevé l’information», a-t-il affirmé.

«Tous ces journalistes tués, l’assassinat de Boris Nemtsov également, tout ce qui se passe à Kiev en ce moment ne semble pas intéresser les médias occidentaux », a expliqué Tony Gosling.