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Le médiateur de l’ONU au Yémen, critiqué par les saoudiens, démissionne

L’ONU doit désigner un nouveau médiateur au Yémen après que Jamal Benomar a donné sa démission suite aux critiques de l’Arabie saoudite. La guerre au Yémen a fait des centaines de morts et a forcé de dizaines de milliers de personnes de s’enfuir.

Jamal Benomar, un diplomate marocain, qui devait faciliter la transition du pouvoir dans le pays en 2011 après le soulèvement du printemps arabe, «a déclaré vouloir occuper un autre poste», a annoncé l’Organisation des nations unies mercredi. Selon elle, son successeur sera bientôt nommé. Le diplomate mauritanien, Ismail Ould Cheikh Ahmed, va remplacer Jamal Benomar, annonce Reuters, citant un officiel anonyme de l’ONU.

Le diplomate marocain a donné sa démission suite aux pressions exercées par les pays de la coalition, en particulier l’Arabie saoudite, qui a déclaré que ses tentatives de rétablissement de la paix se sont soldées par un échec. Le 26 mars, l’Arabie saoudite a lancé une campagne de frappes aériennes contre les rebelles houthis chiites au Yémen, qui soutenaient l’ancien président yéménite Ali Abdallah Saleh et ont pris le contrôle de larges parties du territoire du pays.

Plus de 121 000 Yéménites ont été déplacés à cause des hostilités, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU.

«Les partenaires humanitaires tentent d’aider les populations, en particulier avec de l’eau, des systèmes sanitaires et des services de santé, mais la réponse est limitée par le haut niveau d’insécurité causé par les frappes aériennes et les combats sur le terrain», a constaté le porte-parole du Bureau de la coordination des affaires humanitaires, Jens Laerke.

Riyad assure que la campagne de bombardements va se poursuivre, en déclarant qu’elle était pour le moment assez réussie.

«Elle est très réussie. En fait, elle va au-delà de ses objectifs initiaux», a annoncé aux médias l’ambassadeur saoudien aux Etats-Unis, Adel al-Jubeir. «Nos amis aux Etats-Unis nous ont beaucoup soutenu en matière de renseignement et de logistique et nous en sommes très reconnaissants. Je n’ai entendu parler par aucun officiel américain que les opérations ne se déroulaient pas bien».

Dans la capitale yéménite de Sanaa, les manifestants ont fait un piquet de grève devant l’ambassade de l’ONU, appelant à mettre fin aux bombardements saoudiens.

«Notre pays est détruit. Et ils donnent le droit aux saoudiens de continuer leurs attaques contre le Yémen. Dès le début, c’était déraisonnable», a confié à RT un défenseur des droits de l’homme, Amatsalam Naji, qui a pris part à cette manifestation. «S’ils veulent attaquer une personne ou un groupe, ils peuvent les attaquer directement, pas tout le pays».

Le Conseil de sécurité de l’ONU a voté pour la mise en place d’un embargo sur les armes contre les rebelles houthis, mais il a échoué à appeler à la fin de la campagne aérienne saoudienne.

Les hostilités au Yémen ont endommagé l’économie déjà fragile du pays arabe le plus pauvre. Sanaa souffre de pannes d'électricité. La société yéménite de gaz naturel, une filiale du géant pétrolier français Total, a cessé cette semaine ses activités dans la province centrale de Shabwa riche de pétrole.