Une vaste journée de protestation nationale ébranle aujourd’hui un pilier de l’American Way of Life. Dans 230 villes des Etats-Unis, les employés de «fast-food» descendent dans la rue à l’appel du collectif «Fight for $15» pour demander une hausse de leur salaire horaire.
Soutenues par des étudiants, des employés de la santé publique et des défenseurs des droits civiques, ces manifestations peuvent compter sur la solidarité d’une mobilisation internationale qui s’organise dans 100 villes de 35 pays. Les salariés mal payés protestent plus globalement contre «l’exploitation du capitalisme».
Des employés de la chaine de pizzerias new-yorkaise Little Caesars proclament : «Tous les employés de notre restaurant se mettront en grève le 15 avril parce que nous devons travailler trop dur pour tout juste pouvoir payer nos factures et avoir à manger». Les participants au mouvement revendiquent un doublement de leur salaire horaire, à 15 dollars (12,20 euros). Le salaire minimum obligatoire fédéral est de 7,25 dollars (5,90 euros), inférieur au seuil de pauvreté pour 40 heures travaillées.
Le collectif «Fight for $15» se bat également pour une meilleure représentation syndicale dans la restauration rapide. 28 plaintes ont été déposées en mars pour des manquements à la sécurité et à la santé chez McDonald’s. Pour suivre les cadences de service, une étude du cabinet Hart Research Associates fait état d’employés à qui il a été conseillé de soigner des brûlures avec de la mayonnaise ou du ketchup.
Il ressort d’un rapport de l’Université de Berkeley que plus de la moitié des employés de la restauration rapide dépendent des aides sociales pour joindre les deux bouts. Des centaines de milliers de personnes, travaillant pourtant dans la restauration, ne parviennent même pas à se nourrir.
Le débat sur le salaire minimum sera l’un des enjeux des élections présidentielles de 2016. La candidate à l’investiture démocrate Hillary Clinton se positionne déjà sur ce terrain, déplorant dans un message adressé à ses partisans les difficultés financières de nombreuses familles américaines, «alors qu’un patron gagne en général 300 fois plus qu’un salarié en moyenne».