Les jeunes femmes sont conduites dans des camps éloignés ou dans des camps de transit, où elles apprennent à se servir d’armes à feu et à fabriquer des bombes artisanales. Dès leur arrivée dans ces camps, les jeunes filles sont converties à l’islam et mariées de force avec des hommes de Boko Haram avant d’être déplacées dans des villes et des villages au nord-est du Nigéria.
La plupart d’entre elles subissent des viols réguliers par plusieurs hommes du groupe.
Une jeune femme de 19 ans confie qu’elle a été violée plusieurs fois : « Parfois ils étaient cinq. Parfois trois, parfois six. Ça a continué, pendant tout le temps où j’y étais. Ça se passait toujours la nuit (…) Certains étaient d’anciens camarades de classe de mon village. Ceux qui me connaissaient avaient tendance à être encore plus violents avec moi », rapporte le journal français Libération.
La date de publication du rapport d’Amnesty International coïncide avec la triste date d’anniversaire de l’enlèvement de 276 lycéennes le 14 avril 2014, à Chibok, au sud du Nigéria, qui a suscité une intense émotion à travers le monde. Une vaste campagne médiatique #BringBackOurGirls a été mise en place pour tenter de les récupérer : « Le gouvernement au Nigéria ne fait rien pour les secourir, mais nous on peut ».
Les autorités nigérianes affirment en effet savoir où se trouvent les jeunes filles mais qu’une opération de sauvetage serait trop risquée. D’après les propos de Goodluck Jonathan, l’ex-président nigérian, rapportés à la chaîne d’information anglaise BBC, les jeunes filles seraient toujours en vie et tenues à l’écart dans « une forêt lointaine ».
Après un an de détention par Boko Haram, #BringBackOurGirls a estimé à 219 le nombre de lycéennes portées disparues et sans signe de vie.
L’enlèvement des fillettes du lycée de Chibok rentre dans la liste des 38 autres kidnappings de masse commis par Boko Haram depuis que le groupe islamiste a été créé en 2002 par Mohamed Yusuf. Le groupe, parfois qualifié de secte, vise à imposer un islam radical et rigoriste, ainsi qu’à instaurer un califat sur l’ensemble du territoire du Nigéria et dans les régions voisines. Depuis sa création, Boko Haram a embrigadé environ 800 000 enfants, qui sont soit directement exécutés, soit obligés de participer à des attaques armées, parfois dans leur propre village et contre les membres de leur propre famille. Le groupe serait responsable du meurtre d’au moins 5500 civils et 1500 personnes auraient été tuées au cours du dernier semestre 2015.