Les rebelles indécis
Malgré les déclarations des autorités maliennes que la Coordination des mouvements de l'Azawad, qui consiste de groupes rebelles du nord du Mali, signera les propositions initiales, un représentant de la Coalition des peuples de l'Azawad a nié cette information en disant que son organisation se prononce pour le développement d’un accord mais que plus de négociations sont nécessaires avant de donner une réponse définitive.
«Les médiateurs nous mettent la pression et nous font des promesses. Nous leur avons demandé de les mettre par écrit avant la signature finale de l'accord», a revendiqué Attay Ag Abdallah.
Entretemps, Attaye Ag Mohamed, représentant du Mouvement national pour la libération, frange la plus radicale de l'Azawad, a rétorqué que son groupe n’a pas pris aucune décision sur la nécessité de conclure un accord.
Le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop a demandé jeudi au Conseil de Sécurité de l’ONU d’exercer davantage de pression sur les rebelles qui ne veulent pas signer l’accord et proposé d’imposer des sanctions à leur encontre.
Selon Abdoulaye Diop, l’échec de l’accord entraînera «des risques énormes pour la paix au Mali et dans la région, voire au-delà».
«Les Maliens sont prêts pour la paix. Ils sont fatigués de la guerre», a affirmé Abdoulaye Diop, le ministre malien des Affaires étrangères. «Ils veulent tourner cette page sombre de l’histoire de notre nation une et indivisible», a-t-il ajouté.
L’Algérie, qui mène la médiation, a prévu une nouvelle échéance le 15 avril lors de laquelle les rebelles doivent parapher l’accord de paix, avec une signature officielle entre les deux parties qui doit suivre peu après.
En mars, le gouvernement du Mali a entamé la négociations sous médiation algérienne d’un accord de paix avec la coalition des groupes séparatistes touaregs. Les négociations entre les deux parties ont déjà duré plus de huit mois.
Qu’y a-t-il dans l’accord ?
Premièrement, le cessez-le-feu sera instauré sur tout le territoire du pays ainsi que le désarmement des rebelles. Une Commission d'enquête internationale devra faire la lumière sur d’éventuelles crimes de guerre, crimes contre l'humanité, génocides et autres violations massives des droits de l’homme et du droit international humanitaire pendant le conflit.
L’accord prévoit une plus grande autonomie pour les régions du nord du pays tout en préservant l’intégrité territoriale de l’Etat. En outre, une zone de développement sera créée pour les régions du nord dans le cadre d’une stratégie économique spécifique pour organiser le rattrapage du retard économique accumulé dans ces régions.
De plus, dans un délai de 18 mois, le Mali créera des Assemblées régionales élues au suffrage universel direct et dotées de pouvoirs importants. Dans le même temps, les populations du nord se sont vu promettre une plus large représentation au niveau national.
Enfin, l’armée et les forces de sécurité du pays seront aussi réformées : elles consisteront d’un nombre significatif de représentants de toutes les populations qui vivent sur le territoire du Mali.
Conflit incessant
L’instabilité au Mali a commencé en janvier 2012 avec l’insurrection de groupes armés salafistes et indépendantistes qui ont notamment profité de l’afflux d’armes en provenance de la Lybie voisine, qui est devenue un paradis de la lutte armée après le renversement de son leader Mouammar Kadhafi au moyen d'une opération aérienne de l'OTAN chapeautée par la France.
Les tendances indépendantistes des populations touaregs du nord étaient connues depuis longtemps sans connaître de débordements. La partie nord du pays est restée neuf mois sous occupation des rebelles avant d’être libérée par les militaires français en janvier 2013.
Le gouvernement du Mali a déjà signé des accord avec la plupart des groupes rebelles en mars, mais deux organisations, la Coordination des mouvements de l'Azawad et le Mouvement national pour la libération de l'Azawad ont continué à lutter contre les autorités et à refuser tout accord.
La stabilisation du Mali, malgré les progrès réalisés, reste un grand défi pour le continent africain, l’ONU et la France qui maintient une présence militaire dans le pays. Des attaques ont récemment visé des Casques bleus, par ailleurs responsables de la mort par balles de trois manifestants dans le nord du pays fin janvier. De plus, une attentat dans un restaurant à Bamako a coûté la vie à cinq personnes.