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Visite de Béji Caïd Essebsi: le dirigeant tunisien optimiste malgré les signes d'instabilité (VIDEO)

Le chef d'Etat tunisien, qui s'est exprimé mardi à Paris en conférence de presse conjointe avec le président français François Hollande, a assuré que la révolution a apporté «la liberté et la dignité» à la Tunisie en dépit de la situation difficile.

Selon Béji Caïd Essebsi, avant la révolution, le pays était dans un état grave avec beaucoup de chômeurs et de régions non intégrées. Mais la révolution a porté ses fruits.

Le chef de l’Etat français a assuré que la France aidera «la Tunisie par des moyens financiers», ajoutant qu'il faut «convaincre les entreprises françaises d’agir et d’investir» en .

 a salué la révolution tunisienne et le nouveau gouvernement à qui il a également promis une aide militaire. Sur la question des livraisons d’armes françaises, Béji Caïd Essebsi a dit qu’on «ne peut parler de choses qui n’ont pas été réalisées».

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La Tunisie, l'exception qui confirme la règle du Printemps arabe ?

D’après le président tunisien, le pays évolue «sur la voie démocratique» avec pour la première fois «un président élu et un parlement élu ouvert à différents partis».

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Les déclarations du président interviennent au milieu d’une situation tendue en Tunisie dans le sillage de l’attaque du musée du Bardo du 18 mars qui a vu deux hommes armés se précipiter dans le musée et abattre 20 personnes dont 18 touristes étrangers. 

De plus, Chokri Belaïd, leader d’opposition fortement hostile au gouvernement actuel, a été retrouvé mort le 6 février 2013. Coordinateur général du Parti des Patriotes démocrates, il a souvent défié les islamistes du parti Ennahda, s’attaquant directement à son chef, Rached Ghannouchi. Sa mort a provoqué une crise politique de grande envergure et des manifestations de masse qui ont débouché sur la démission du gouvernement tunisien.

Le problème de Daesh et la radicalisation

Les autorités tunisiennes rapportent que 3 000 citoyens tunisiens ont quitté leur pays pour participer au djihad en Syrie et en Irak, le pays de naissance de Daesh. La Tunisie, d’après ces chiffres, serait le pays dont le plus d’habitants sur un ratio d’un million ont rejoint l’organisation terroriste.

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Les autorités tunisiennes auraient arrêté près de 9 000 départs pour le Moyen-Orient mais admettent avoir des difficultés avec l’observation des 500 combattants revenus dans le pays.

La situation en Libye voisine où des milices rivales – dont certaines loyales à l’EI – se disputent le pouvoir a aussi touché la Tunisie, particulièrement dans les territoires frontaliers faiblement surveillés.

Dans une interview accordée à la chaîne RT Mansouria Mokhefi, conseiller spécial pour le Maghreb et le  à l'Institut français des relations internationales (IFRI) a indiqué que la Tunisie n’a pas encore apporté de réponse à l’implantation du mouvement salafiste.

«Le gouvernement tunisien n’a pas encore de solutions pour éradiquer le mouvement salafiste qui a pris place dans le pays et n’a pas pris les mesures nécessaires pour éviter que le chaos libyen ne continue à se déverser sur la Tunisie et à contaminer la situation sur le plan sécuritaire», a-t-elle souligné.

Les groupes de combattants sont en guerre permanente avec les forces gouvernementales tunisiennes. Quelques régions près de la frontière, déstabilisées après la révolution, ne peuvent pas faire face à la contrebande en provenance de Libye tandis que la frontière ne peut pas être effectivement fermée.

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La région de Kasserine, à la frontière avec l'Algérie, est le théâtre de heurts armés réguliers entre les djihadistes et les forces armées tunisiennes. En février, une patrouille de police avait été piégée par un commando de 20 combattants qui ont tué quatre agents et pris leurs armes.