Le dirigeant israélien a pris part dimanche à ces débats télévisés américains pour contester une nouvelle fois l’accord nucléaire provisoire qui a été conclu en Suisse et qui doit être finalisé d’ici fin juin.
Associated Press rapporte que Benyamin Netanyahou a diffusé ce week end toute une série de nouveaux arguments élaborés par ses conseillers.
«Un meilleur accord réduirait l’importante infrastructure nucléaire iranienne et nécessiterait que l’Iran stoppe ses agressions dans la région, sa terreur partout dans le monde et ses appels et ses actions visant à annihiler l’Etat d’Israël», a fait savoir le Premier ministre israélien en intervenant dans l’émission State of the Union sur CNN. «C’est un meilleur accord. Il est réalisable», a justifié le Benyamin Netanyahou.
L’accord provisoire acté à Lausanne la semaine dernière prévoit la levée des sanctions si l’Iran respecte ses obligations qui ont pour but d’arrêter le volet militaire de son programme nucléaire. Il implique aussi des inspections régulières des installations nucléaires iraniennes par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
Pourtant, le Premier ministre israélien croit que les sanctions doivent être élargies et non pas réduites pour mettre l’Iran sous pression jusqu’à ce qu’il cesse «ses agressions dans la région». Il a aussi exprimé des doutes concernant l’efficacité des inspections.
«Je ne parierais pas sur les inspections», a-t-il encore déclaré avant d’ajouter : «Ce n’est pas un pays auquel on peut faire confiance. Et l’augmentation du nombre d’inspecteurs sur place n’y changera rien».
Il a encore souligné lors de l’émission Meet the Press sur NBC : «Je n’essaie pas de tuer chaque accord. J’essaie de tuer un mauvais accord».
Benyamin Netanyahou s’était déjà déchaîné contre cet accord quelques heures après sa signature, affirmant dans une conversation téléphonique avec le président américain que cet accord ne ferait qu’«augmenter les risques de prolifération nucléaire dans la région et les risques d’une guerre terrible».
La Maison Blanche a défendu la position américaine sur l’Iran. Malgré la critique israélienne, Barack Obama a qualifié cet accord de «possibilité qui n'arrive qu'une fois dans une vie» et a réitéré le soutien américain à Israël dans le cas où l’Etat hébreu serait attaqué.
«J’ai été très clair en disant que l’Iran n’obtiendra pas d’arme nucléaire sous ma surveillance et je crois qu’ils comprennent ce que ça veut dire», a expliqué Obama lors d’une interview avec Thomas Friedman, éditorialiste au New York Times. «Mais j’espère que nous pouvons parvenir à cet accord diplomatique et qu’il inaugure une nouvelle ère dans les relations américano-iraniennes, de plus, et c’est important aussi, une nouvelle ère dans les relations de l’Iran avec ses voisins».
Le message d’Obama s’adressait aussi aux parlementaires américains alors que les républicains du Sénat ont insisté pour que l’acceptation de l’accord final entre Washington et Téhéran soit soumise à un vote du Congrès. Le comité des Affaires étrangères du Sénat votera sur cette proposition le 14 avril.
Le mois dernier, le Premier ministre israélien avait suscité la colère de l’administration Obama pour avoir accepté une invitation des républicains à s’adresser au Congrès américain et inciter les parlementaires américains à s’opposer à l’Iran. Un acte que certains démocrates ont qualifié de violation du protocole du Capitole.
Un des membres les plus éminents du Sénat, la démocrate Dianne Feinstein, est intervenue sur CNN critiquant la participation du dirigeant israélien dans des débats télévisés aux Etats-Unis.
«Je voudrais qu’il se maîtrise», a-t-elle dit sur CNN dans l’émission State of the Union. «Je ne pense pas que ce soit utile pour Israël de s’opposer à une possibilité de changer une dynamique majeure qui tire cette partie du monde vers le bas», a-t-elle précisé.
Daoud Khairallah, professeur de droit international à l'Université de Georgetown, a déclaré sur RT que même si Israël mobilisait toutes ses ressources pour essayer de faire capoter cet accord sur le nucléaire iranien, Washington et ses alliés au Moyen-Orient devraient s’adapter à une nouvelle réalité.
«Ils avaient créé un climat de tension au Moyen-Orient basé sur la diffamation de l’Iran, la création d’un épouvantail iranien et une menace nucléaire pour le monde entier alors qu’Israël possède un grand nombre d’armes nucléaires», a-t-il poursuivi.