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Au Yémen, le Pentagone a perdu des armes et des équipements pour 472 millions d’euros

Les officiels militaires américains ont reconnu qu’ils avaient perdu la trace de millions d’euros en armes légères, munitions, lunettes de vision nocturne, bateaux de patrouille, véhicules et autres équipements fournis au Yémen par les Etats-Unis.

Les  ont accordé une aide militaire de plus de 472 millions d’euros au Yémen depuis 2007 dans le cadre de programmes gérés par le département de la Défense et pour le département d’Etat. Mais en janvier, le gouvernement yéménite a été renversé par les rebelles chiites Houthis, soutenus par l’Iran et qui critiquaient les frappes aériennes américaines dans le pays. Ces derniers ont aussi pris le contrôle de bases militaires gouvernementales dans le Nord du pays.

Depuis lors, le département de la Défense a perdu la possibilité de suivre l’emplacement des armes et de l’équipement qu’il avait livrés. La situation a même empiré après la fermeture de l’ambassade des Etats-Unis à Sanaa, la capitale du , en février dernier, et le retrait des conseillers militaires américains.

«Nous devons admettre que les armes et l’équipement sont complètement compromis et perdus», a déclaré au Washington Post un conseiller parlementaire au Capitole, sous couvert d'anonymat.

Le Washington Post a annoncé que les officiels militaires américains avaient refusé de commenter cette information publiquement, mais un représentant de la défense a déclaré qu’il n’y avait pas de preuves que les armes aient été volées ou confisquées. Reste que le Pentagone en a perdu la trace.

«Même dans le meilleur des scénarios dans un pays instable, nous n’avons jamais 100% de garanties», a confié ce représentant.

Le Pentagone déclare qu’il a peu d’information sur ce qu’il s’est passé et que, pour l’instant, il ne peut pas faire grand-chose pour empêcher que les armes et l’équipement se retrouvent dans de mauvaises mains. Par précaution, les responsables de la défense ont affirmé qu’ils avaient interrompu un envoi d’équipement militaire d’un valeur de près de 118 millions d’euros à destination du Yémen et qu’ils l’avaient fait parvenir à d’autres pays au Moyen-Orient et en Afrique.

Au Yémen, la politique de l’administration  avait pour but de lutter contre le terrorisme en entraînant et en équipant des militaires étrangers pour combattre les insurgés et les réseaux affiliés à Al-Qaïda, sans y envoyer de soldats américains. Un effort similaire a été entrepris en Irak après l’invasion américaine en 2003, quand les Etats-Unis ont dépensé près de 23 milliards d’euros pour recréer des forces de sécurité irakiennes, qui n’ont pas fait le poids en 2014 face aux combattants de Daesh. Ces derniers contrôlent maintenant plusieurs régions du pays. Le Yémen aurait dû couronner de succès cette stratégie de la Maison Blanche.

«L’administration voulait, en fait, croire que le Yémen était différent de l’Irak, que nous le ferions avec moins d’hommes, que cela coûterait moins cher», a déclaré Mac Thornberry, le président républicain de la Commission des forces armées. «Ils ont essayé d’adopter une approche minimaliste parce qu’il fallait se conformer à la croyance …que ce qui s’était passé en Irak n’allait pas se reproduire», a poursuivi le président de la Comission.