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Etats-Unis : Netanyahou a essayé d’annuler un briefing du Mossad au Sénat sur l’Iran

Le Premier ministre israélien a essayé en vain de bloquer un briefing du Mossad à destination des sénateurs américains sur les risques qu'un nouveau projet de loi de sanctions contre l’Iran ferait peser sur les pourparlers nucléaires.

Le briefing qui s’est tenu le 19 janvier incluait six officiels américains en déplacement à Jérusalem pour une réunion avec le Mossad, l’agence de renseignement d’Israël, sur les sanctions contre l’Iran. Le Mossad voulait prévenir les législateurs américains, et en particulier le sénateur républicain John McCain, que de nouvelles sanctions pourraient bloquer les pourparlers nucléaires avec Téhéran.

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Benyamin Netanyahou, comme a rapporté le Time magazine samedi en citant des sources anonymes proches des événements, a rayé la rencontre du programme de visite. En signe de protestation, Bob Corker, sénateur du Tennessee et président de la commission des Affaires étrangères du Sénat - qui n’est pas favorable à l’imposition de sanctions supplémentaires contre l’Iran - a menacé de couper court au voyage de la délégation américaine à Jérusalem.

Bob Corker s’est adressé à l’ambassadeur israélien aux  Ron Dermer, lui demandant d’intervenir. Le Premier ministre israélien, en conséquence, a autorisé le briefing.

Le porte-parole du Premier ministre israélien contacté par le Time Magazine a refusé de commenter les motifs de l’annulation de la rencontre par Netanyahou. On sait cependant que le Premier ministre israélien est un partisan actif d’une position particulièrement ferme sur l’Iran et son programme nucléaire.

Bloomberg View a rapporté le 22 janvier que le Mossad souhaitait avertir Washington qu'un nouveau projet de loi de sanctions contre l’Iran, s'il était adopté par le Congrès, pourrait mener au blocage des négociations avec Téhéran.

Plus tôt en janvier, le directeur du Mossad Tamir Pardo avait comparé l’effet de nouvelles sanctions avec «un tir de lance-grenades sur tout le processus». Ensuite, le service de presse de Pardo avait publié une déclaration rectificative selon laquelle il aurait utilisé cette expression «comme une métaphore pour décrire la possibilité de créer une crise temporaire dans les négociations à l'issue de laquelle les pourparlers reprendraient dans de meilleures conditions».

Pardo aurait «souligné lors de la rencontre [avec les législateurs américains en janvier] que c’est l’efficacité exceptionnelle des sanctions contre l’Iran imposées au cours des dernières années qui ont forcé  à se mettre à la table des négociations», lit-on dans la déclaration du Mossad.

Le projet de loi introduit le 19 décembre par le républicain Mark Kirk et le démocrate Robert Menendez appellent à l’introduction de nouvelles sanctions si le groupe de six négociant à Genève sur le programme nucléaire de Téhéran ne parvient pas à trouver un consensus avant la date butoir du 30 juin.

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Malgré les voix fortes qui s'élèvent au Sénat pour appuyer la loi Kirk-Menendez, il existe des oppositions. Corker, en particulier, promeut son propre projet de loi prévoyant une autorisation automatique du Sénat pour tout accord trouvé entre les six parties aux négociations à Genève.

Une approche conciliante a été adoptée également par le secrétaire d’Etat John Kerry qui a dit à CBS News samedi qu’il espérait atteindre un accord préliminaire avec l’Iran «dans les jours à venir» si Téhéran parvient à démontrer que son programme nucléaire ne débouchera sur la fabrication d’armes. L’accord inclurait la limitation des activités nucléaires les plus sensibles de l’Iran pour 10 ans au moins en échange de la levée de certaines sanctions américaines.

«Nous croyons fermement que rien n'interviendra en avril, en mai ou en juin qui puisse changer la donne au point qu'une décision impossible à prendre maintenant puisse être prise plus tard», a dit

«Si c’est [le programme nucléaire] pacifique, allons-y. J’espère que cela sera possible dans des jours à venir», a-t-il ajouté. Kerry et son homologue iranien Mohammad Javad Zarif se verront en Suisse samedi pour en discuter.

Le secrétaire d’Etat américain, par ailleurs, a fustigé la lettre des 47 sénateurs républicains à l’attention de l’Ayatollah Khamenei la semaine dernière, condamnant une «ingérence directe». La lettre rédigée par le sénateur de l'Arkansas Tom Cotton menace de dénoncer tout accord nucléaire avec l’Iran dès qu’Obama se démettra de son mandat.

Les pourparlers sur le programme nucléaire iranien continueront en Suisse cette semaine mais les détails de l’accord préliminaire ne sont toujours pas dévoilés. Selon certains rapports, cet accord permettrait à l’Iran de produire de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques et sous une surveillance assez étroite pour empêcher la fabrication d’une véritable arme nucléaire.