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Le journaliste espagnol Javier Espinosa et son photographe Ricardo Garcia Vilanova, qui travaillaient pour le quotidien espagnol El Mundo, ont été libérés en mars 2014 après avoir passé 194 jours en captivité. Espinosa dit avoir gardé le silence depuis sa libération parce que ses gardiens menaçaient d'exécuter ses anciens compagnons de cellule s'il parlait «avant que tout soit achevé». Mais vu qu'ils ont été décapités de toute manière, Espinosa a raconté une histoire exclusive au journal the Sunday Times.
Il décrit le bourreau de l’Etat islamique Jihadi John – qui s’est avéré être Mohammed Emwazi, un citoyen britannique né au Koweït – et raconté qu’il utilisait une combinaison de tortures psychologiques et physiques pour effondrer Espinosa et plus de 20 autres otages.
«Est-ce que vous le sentez ? C’est froid, n’est-ce pas ? Pouvez-vous imaginer la douleur vous sentirez quand il coupera ? Une douleur inimaginable », Emwazi lui a dit tenant un cimeterre antique près de son cou.
«Le premier coup sectionnera vos veines. Le sang se mélangera avec votre salive. Le second coup ouvrira votre cou. Vous ne pourrez pas respirer par le nez à ce stade, seulement par la gorge. Vous ferez quelques bruits gutturaux – je l’ai vu avant, vous vous tortillerez comme un animal, comme un cochon. Le troisième coup aurai raison de votre tête. Je le placerai dans votre dos».
Emwazi, qui porte un masque dans les vidéos de décapitations de l’Etat islamique, a sorti une arme à feu, l’a placée sur la tempe du journaliste et a appuyé sur la gâchette seulement pour que la victime effrayée découvre après qu’elle n’était pas chargée. Il a aussi forcé les prisonniers à décrire les images de victimes exécutées auparavant et à choisir qui serait exécuté en premier lieu.
Espinosa a rencontré l’envoyé humanitaire Peter Kassig qui a été décapité en novembre 2014 et qui a décrit les tortures qu’il a subies.
«Quand ils ont réalisé que j’étais Américain et que j’avais été soldat en Irak, ils sont devenus fous», a raconté Kassig au journaliste espagnol.
«Ils m’ont suspendu au toît et ils ont commencé à me battre. Ils m’ont jeté du balcon et m’ont laissé suspendu dans le vide. Je pensais qu’ils allaient m’exécuter à ce moment même».
Mais Espinosa a admis que les otages occidentaux étaient traités mieux que la population locale parce qu’ils étaient des gages de négociations précieux et des outils des relations publiques, même si c’est pour les mettre à mort ensuite de façon spectaculaire.
Bien que le lieu initial de sa détention ait été la cave d’un manoir à Alep, il a ensuite été transféré à Raqqa, la capitale de l’Etat islamique. Ici, lui et les autres otages ont entendu des passages à tabac constants de soldats et de civils syriens capturés qui se sont souvent terminées par des coups de feu, puis le silence.
Le récit de Javier Espinosa mentionne 23 otages lui et Vilanova parmi lesquels quinze ont été libérés, six exécutés, tandis que la dernière, l'américaine Kayla Mueller, serait morte d’une frappe aérienne américaine.
Les gouvernements des pays dont les hommes et les femmes libérés étaient originaires, typiquement, ne fournissent aucune confirmation sur la question de savoir si une rançon a été payée pour libérer les individus. Selon un rapport non confirmé, l’Italie a payé dix millions d’euros pour libérer deux jeunes employées humanitaires. Cette action a suscité un tollé dans le pays alors que les médias et les hommes politiques accusaient le gouvernement de financer les terroristes de l’EI.
Le journaliste espagnol dit avoir gardé le silence pour éviter la mort d’autres otages, en particulier Alan Henning, un otage britannique. Henning et quelques autres otages ont été quand même exécutés. Le sort du photographe de presse britannique John Cantlie, qui adétenu avec eux, reste incertain. L'EI a diffusé récemment une vidéo où il était en vie.
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