Dans une interview accordée au journal catholique Crux, l'archevêque italien Silvano Tomasi a employé le mot «génocide» pour décrire les campagnes d’exécution et les persécutions ethno-religieuses du groupe terroriste à travers les régions septentrionales de Syrie et l’Irak.
«Sinon, nous pleurerons à l’avenir sans savoir pourquoi nous n’avons pas fait quelque chose, pourquoi nous avons permis à une telle tragédie de se produire», a dit le représentant du Vatican aux Nations Unies qui propose de recourir à l’intervention militaire si aucune solution politique n’est trouvée.
«Il est nécessaire de monter une coalition bien coordonnée et conçue afin de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour aboutir à une solution politique sans recours à la violence», a dit Tomasi vendredi. «Mais si c’est impossible, le recours à la force militaire sera nécessaire».
Au cours de son interview, Silvano Tomasi a aussi souligné qu’une approche coordonnée de l’aide humanitaire aux minorités et de leur protection doit être pratiquée dans la région, approche qui comprendra la force militaire si nécessaire.
Le même jour, l’archevêque a publié une déclaration titrée «En soutien aux droits de l’homme des chrétiens et d’autre communautés, en particulier au Moyen-Orient». Cette déclaration rédigé en collaboration avec la Russie et le Liban a été présentée au Conseil des droits de l'homme des Nations unies et signée par presque 70 nations.
La déclaration, elle-même, est une idée de la Russie, étant donné l’image qu’elle cultive de protectrice des chrétiens du Moyen-Orient, a ajouté l'archevêque italien. C’est aussi la première fois que le sort de populations chrétiennes a attiré l’attention du Conseil des droits de l'homme des Nations unies (ONU).
Le représentant du Vatican a continué en soulignant que la coalition ne doit pas être exclusivement «occidentale» mais doit inclure des acteurs du Moyen-Orient et doit se dérouler sous l’égide de l’ONU. «C’est à l’ONU et à ses pays membres, et surtout au Conseil de sécurité, de déterminer la forme exacte de l’intervention si nécessaire».
Attentif à ce qui se dit aux Nations unies, Tomasi a loué les efforts déployés la France ce mois-ci pour attirer l’attention du Conseil de sécurité sur les problèmes des minorités religieuses au Moyen-Orient.
Bien que ces déclarations puissent paraître étonnantes à ceux qui se rappellent l’opposition du Vatican au recours à la force dans la région, elles n’ont en fait rien de nouveau : le pape François, par le passé, a pu juger «légitime» une intervention visant à mettre fin à une «agression injuste».
«Je tiens à souligner l’emploi du verbe “arrêter”. Je ne veux pas dire “bombarder” ou “faire la guerre”, mais seulement arrêter. Et les moyens qui peuvent être utilisés à cette fin doivent être bien évalués», le souverain pontife avait-il déclaré en août dernier.
Tomasi estime qu’il y a trois choses que les civils ordinaires peuvent faire. Il a recommandé aux fidèles de prier et de «pratiquer la communion spirituelle avec les victimes au Moyen-Orient, pour que les gens qui vivent en des lieux plus prospères œuvrent à accroître la sensibilisation sur les problèmes des minorités religieuses au Moyen-Orient, et finalement pour que cette formation de l’opinion publique se transforme en fourniture d’aide humanitaire et en protection effective des droits des personnes».