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«Le lac Baïkal gravement malade» : des algues prolifèrent sur les bords du plus grand lac du monde

Les rives du lac Baïkal, la plus grande réserve d'eau douce du monde et destination touristique populaire située dans le sud de la Sibérie, sont recouvertes d’algues qui pourrissent et mettent en danger son écosystème unique.

Le lac Baïkal devient de plus en plus contaminé par la spirogyre, une algue qui constitue une menace pour la pureté de ses eaux.

La spirogyre n’est pas endémique de l’écosystème du Baïkal. Elle prospère grâce aux déjections humaines qui, selon les écologistes, sont fournies en abondance par les eaux usées des centres de vacances alentours, ainsi que les bateaux des particuliers.

A l’heure actuelle, plus de la moitié des rives du lac Baïkal sont recouvertes d’algues. Seule la rive occidentale reste épargnée.
«Auparavant, on ne l’avait jamais détectée dans une telle abondance. La spirogyre occupe complètement plus de 50% des rives du lac», déclare Oleg Timoshkin de l’Institut limnologique de l'Académie des sciences de . L’Institut fait des recherches sur la flore et la faune des lacs sibériens.

«L’année dernière, il y avait plus de 1 500 tonnes d’algues en putréfaction. Malheureusement, je peux dire sans aucun doute que le lac Baïkal est malade. Gravement malade», a déploré le scientifique.

[La vidéo montrant des algues sur le fond du lac Baïkal. L’inscription à 01:32 : «L’image de la même partie du fond du lac il y a quelques années».]

La pureté sans égal des eaux de Baïkal est due en partie à une éponge endémique Lubomirskia baicalensis qui se nourrit en filtrant l'eau du lac. La spirogyre, qui est inoffensive en général, contamine l’éponge et met ainsi en danger la pureté des eaux du lac.

Mais ces algues ne sont pas la seule menace à laquelle le Baïkal doit faire face. Le niveau de ses eaux est actuellement 5 centimètres au-dessous du niveau de 456 mètres considéré comme critique. Le niveau critique avait été atteint il y a deux semaines seulement.

C’est pour cette raison que la République de Bouriatie, dont le territoire inclut la côte orientale du Baïkal, a déclaré l’état d’urgence écologique. Les autorités ont également appelé les habitants locaux à ne pas gaspiller l’eau.

L’assèchement du lac pourrait causer des dégâts irréversibles à l’écosystème unique du lac et priver près de 30 000 habitants d’approvisionnement en eau. Plusieurs écologistes de la région accusent les compagnies énergétiques de puiser trop allègrement dans les réserves aqueuses du Baïkal.

«Au début de la saison, en avril-mai, les centrales hydroélectriques utilisent de plus en plus d’eau du lac qu’elles devraient préserver», a déclaré Endon Garmaev, de l’antenne sibérienne de l’Académie des sciences de Russie, cité par l’agence d’information Rosbalt. «Ils ont continué de le faire pendant l’été. L’énergie hydroélectrique est la moins chère, et les compagnies énergétiques d’Irkoutsk [une ville proche du lac] cherchent à faire croître leurs bénéfices».

Cependant, des experts de la région d’Irkoutsk estiment que la baisse du niveau des eaux est dû au cycle écologique naturel après un été exceptionnellement aride.
«Depuis l’existence de la centrale hydroélectrique d’Irkoutsk, malgré quelques incidents, rien n’a changé dans l’écosystème du lac», assure Mikhaïl Gratchev, le directeur de l’Institut de limnologie.

Le Baïkal est le lac d’eau douce le plus ancien de la planète puisqu’il a près de 25 millions d’années. Il contient un cinquième de l’eau douce du . L’importance de sa protection a été souligné par UNESCO qui l’a classé au patrimoine mondial en 1996.