Mardi, le gouvernement israélien a démoli une maison construite par l’Union européenne (UE) sur le mont Scopus au Nord-Est de Jérusalem. La municipalité a expliqué que cette mesure avait été prise parce que le bâtiment avait été construit sur un territoire prévu pour servir de parc national.
Selon les représentants de l’UE, ce n’était même pas un bâtiment mais un abri temporaire, dont l’entretien était financé pour aider les personnes déplacées.
«Nous condamnons la démolition des abris temporaires financés par l’Union Européenne… dans le cadre de sa réponse aux besoins des communautés concernées», proclame une déclaration de l’UE.
L’UE a financé la construction de 200 bâtiments temporaires utilisés comme abris par les communautés de bédouins, des tribus traditionnellement nomades qui habitent sur le territoire qui s’étend de l’Afrique du Nord au Moyen-Orient. Le gouvernement israélien a plusieurs fois essayé de faire emménager les bédouins dans les locaux construits par l’Etat. Des activistes israéliens estiment que ces mesures ont été prises pour que le gouvernement puisse construire ses propres colonies dans la région.
Cela contribuera à la formation d’une ligne continue de colonies israéliennes au milieu de la Cisjordanie rendant du même coup impossible la création de l’Etat palestinien.
L’organisation non gouvernementale Oxfam a publié une déclaration quelques jours avant cette démolition, estimant que l’UE devait adopter une position plus dure face à la destruction des maisons palestiniennes par l’Israël, dont la construction a été largement financée par l’argent des contribuables européens.
«Pour voir des changements positifs sur place, l’Europe doit faire front et assumer ses obligations. Les gouvernements européens doivent transformer leur paroles en mesures urgentes et concrètes pour mettre fin immédiatement à la construction des colonies et à la démolition illégale des infrastructures civiles palestiniennes», a fait savoir Oxfam sur son site web.
Regavim, une ONG conservatrice israélienne, a démenti les accusations de l’UE et affirme que cette dernière a construit 500 immeubles en Israël sans obtenir l’aval des autorités du pays.
«Après des années d’enquêtes sur ce phénomène de colonies européennes illégales, dans et autour de Jérusalem, nous félicitons le gouvernement israélien qui a finalement commencé à appliquer la loi», a déclaré Ari Briggs, directeur de Regavim, cité par le Jerusalem Post.
Un exposé récent de ce groupe de lobbying de droite a montré que la politique européenne de construction de colonies illégales pour les palestiniens à Jérusalem et en Cisjordanie était un problème d’actualité, avant d’appeler le gouvernement israélien à continuer de prendre des mesures contre ces actes.
«Nous considérons les actions du gouvernement comme une conséquence directe du récent exposé de Regavim sur ce sujet et nous appelons les autorités à trouver une solution immédiate pour les autres 499 structures qualifiées d’illégales dans le document», a ajouté Ari Briggs qui est aussi l’un des co-auteurs de l’étude.
Israël a occupé Jérusalem-Est en 1967 pour l’annexer plus tard. Cette conquête territoriale n’a jamais été reconnue par la communauté internationale, alors que la politique d’Israël de construction de colonies a suscité la réprobation de plusieurs pays, y compris du plus fidèle allié de l’Etat hébreu, les Etats-Unis.
A la fin janvier, les Etats-Unis et l’UE ont recommandé à l’Israël d’abandonner ses projets de construction de 450 nouvelles maisons pour des colons en Cisjordanie. Ils l’ont prévenu qu’au cas contraire, la situation dans la région risquait d’être encore plus instable et que l’espoir de paix ne pourrait que diminuer.
«Je suis sûr que la publication de tels appels d’offres ne contribue pas à l’amélioration de la sécurité d’Israël, ne favorise pas sa prospérité économique sans favoriser non plus une solution pacifique. En fait, c’est tout le contraire », a estimé le porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest.
Les Etats-Unis sont eux-aussi persuadés que la politique de colonisation israélienne est «illégitime et contreproductive» pour la réalisation du système à deux Etats, a estimé le porte-parole.
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Quelques 500 000 Israéliens sont venus s’installer parmi 2,4 millions de Palestiniens en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Les territoires occupés israéliens aspirent à être rattaché un Etat palestinien indépendant d’Israël depuis des dizaines d’années. Néanmoins, malgré les critiques internationales, le gouvernement israélien continue d’envoyer des colons en Cisjordanie pour fonder de nouvelles colonies.
Selon La Paix maintenant, une organisation qui combat la colonisation israélienne, 4 485 appels d’offres ont été publiés en 2014, ce qui représente une hausse de 20% en comparaison avec l’année précédente (3 710). En 2007, seuls 858 appels d’offres avaient été publiés. L’organisation a en outre noté une augmentation de de 40% de la construction.
La Paix maintenant affirme que la hausse des activités de colonisation est une astuce électorale du Premier ministre actuel Benyamin Netanyahou pour rassembler des votes en prévision des élections du 17 mars prochain. Le groupe ajoute qu’en essayant de décrocher un quatrième mandat, Benyamin Netanyahou sacrifie des bonnes relations avec les Etats-Unis en échange de votes.
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«Encore une fois, des vies, des droits et des territoires palestiniens sont négligés au profit de la campagne électorale en Israël», a déploré Hanan Ashrawi, le haut responsable de l’Organisation de libération de la Palestine, cité par Reuters.