International

Crimée : «Je préférerais être en prison que travailler pour des fascistes»

Le procureur général de Crimée, Natalia Poklonskaïa, a déclaré que les responsables du service ukrainien de mise en application des lois l’ont menacée de prison et de mort si elle acceptait le poste, mais ils ne sont pas parvenus à l’intimider.

«Les agents du Parquet ukrainien me contactaient et me menaçaient en déclarant qu’ils me mettraient en prison, qu’ils me tueraient, me mettraient en pièces», a reconnu Natalia Poklonskaïa dans une interview à l’agence TASS un an après sa nomination. Le Conseil suprême de la République de  a nommé Natalia Poklonskaïa au poste de procureur général le 11 mars 2014.

«Ils ont dit ouvertement et directement que si je quittais le bureau du procureur général à ce moment-là, ils le percevraient comme une décision volontaire pour arrêter les activités criminelles. Ils ont ajouté qu’un camion avec un groupe d'élite était en route pour m’arrêter et qu’ils allaient me jeter en prison», a-t-elle annoncé aux journalistes. «J’ai répondu que je préférerais être en prison que travailler pour des fascistes», a-t-elle poursuivi.

En savoir plus : Poutine : la Russie n’a pas pu laisser la Crimée et ses habitants aux mains nationalistes (VIDEO)

Le procureur général a aussi révélé les détails non divulgués de sa nomination à ce poste, déclarant qu’elle avait reçu une proposition du Premier ministre de la Crimée Sergueï Aksionov qui la connaissait depuis quelques jours seulement. Le Conseil de la Crimée avait d’abord approuvé la nomination d’un autre candidat à ce poste, mais ce dernier l’a refusée au dernier moment.

Elle a ajouté que quand le Premier ministre lui a dit qu’il était nécessaire d’occuper le poste de procureur général de la Crimée, elle a répondu qu’elle ferait tout ce que la population de la République exigeait d’elle, de devenir procureur général ou de simplement préparer des bulletins de vote.

«Je n’ai pas eu peur, je devais assumer une grande responsabilité et j’ai décidé de ne prêter aucune attention aux appréhensions ; j’aurais du temps pour cela plus tard. Je voulais, d’abord, faire mon travail et après je pouvais avoir peur. Nous devions faire beaucoup de choses pour mobiliser la population et pour lui montrer que nous soutenions une bonne cause», a avoué Natalia Poklonskaïa.

La responsable de la mise en application du droit de 33 ans a été nommée à la tête du Bureau du procureur de Crimée au moment même où l’agence était créée sur l’ordre du procureur général de , Youri Tchaïka. Le 7 mai 2014, elle a prêté serment.

La vidéo de la première conférence de presse de Natalia Poklonskaïa en tant que procureur général a rapidement recueilli des millions de vues grâce, en grande partie, à son physique avantageux. Peu après, Natalia Poklonskaïa était devenue une idole sur internet, en particulier au Japon où ses fans l’ont surnommée «Prosecutie» et créé un culte d’adeptes qui s’appellent «Nataliaites».

Cette attention ne l’a pas pour autant rendue heureuse. «Je suis avocate, pas Pokémon ou quelque chose comme ça», a-t-elle déclaré au sujet de sa popularité sur internet.

En décembre 2014, la presse russe a rapporté que les milices de la Crimée avaient contrecarré un complot contre elle et les membres du Parquet. Un sac contenant des explosifs a été retrouvé dans un bureau du Parquet et une lettre, contenant elle aussi des explosifs, a été adressée directement à la procureure en novembre dernier.