Imaginant ce que son compagnon aurait tweeté, la fiancée de Jamal Khashoggi, Hatice Cengiz, a écrit sur le réseau social le 15 juillet en s'adressant à Joe Biden : «Est-ce là votre façon de faire rendre des comptes aux responsables de mon meurtre ? Le sang de la prochaine victime de MBS [surnom du prince héritier Mohammed ben Salmane] est sur vos mains.»
Jamal Khashoggi, chroniqueur du Washington Post critique du pouvoir saoudien, avait été tué et démembré le 2 octobre 2018 dans les locaux du consulat saoudien à Istanbul alors qu'il venait chercher des papiers nécessaires à son mariage avec sa fiancée turque. Après son assassinat, Joe Biden avait promis de réduire la monarchie du Golfe au rang de «paria» et déclassifié un rapport concluant que le prince héritier avait «validé» ce meurtre.
Le président étasunien est pourtant arrivé le 15 juillet au palais royal de Jeddah, où il a salué Mohammed ben Salmane d'un «check» du poing, forme de salutations répandue depuis le Covid-19. «Le premier "check" entre le président Biden et Mohammed ben Salmane était pire qu'une poignée de main - cela était honteux», a déclaré Fred Ryan, directeur de la publication du Washington Post. Ce geste cordial «reflète un niveau d'intimité et d'aise qui offre à MBS la rédemption injustifiée qu'il cherchait», a-t-il ajouté dans un communiqué.
Pour les médias américains comme pour la classe politique, ce voyage de Joe Biden avait avant tout pour but d’obtenir de la monarchie pétrolière qu’elle augmente sa production afin de faire baisser les cours mondiaux du pétrole. La hausse des prix du baril, résultat entre autres de la politique de sanctions de Washington contre Moscou, entraîne une inflation généralisée, source de fort mécontentement à quelques mois des élections de mi-mandat aux Etats-Unis.