Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, ne se rendra finalement pas en Serbie ce 6 juin, plusieurs pays voisins de la république des Balkans ayant refusé que l'avion du chef de la diplomatie russe ne survole leurs territoires. Il était initialement attendu à Belgrade dans la matinée.
«Ce n'est qu'aujourd'hui, il y a une heure, que les pays entourant la Serbie ont fermé le canal de communication, n'autorisant pas le vol de l'avion de Sergueï Lavrov, qui se dirigeait vers la Serbie. La délégation russe devait se rendre à Belgrade pour des négociations», a déclaré Maria Zakharova, porte-parole de la diplomatie russe, citée par plusieurs agences de presse russes le 5 juin.
«Les pays membres de l'UE et de l'OTAN ont fermé l'espace aérien, ont fermé un énième canal de communication», a-t-elle ajouté.
Lavrov dénonce une mesure «inconcevable» et «scandaleuse»
D'après le quotidien serbe Vecernje Novosti, la Bulgarie, la Macédoine du Nord et le Monténégro sont les trois pays voisins de la Serbie – par ailleurs tous membres de l'OTAN – qui ont fait état de ce refus. Une information confirmée quelques heures plus tard par le ministère russe des Affaires étrangères.
Selon une source diplomatique russe, citée par l'agence Interfax, le ministère a finalement décidé d'annuler sa visite. «Notre diplomatie n'a pas encore appris à se téléporter», a déclaré cette source.
Lors d'une conférence de presse à la mi-journée, Sergueï Lavrov a dénoncé une mesure «sans précédent», «inconcevable» et «scandaleuse» prise dans une «optique antirusse» par «certains membres de l'OTAN». Il a également tancé le «cynisme» des Occidentaux, qui, selon lui, «vont continuer de faire pression» sur la Russie et les pays qui souhaiteraient entretenir des liens diplomatiques avec elle.
«Notre attitude vis-à-vis de la Serbie ne sera détruite par personne [...] Nous avons invité le ministre des Affaires étrangères serbe [Nikola Selakovic] à se rendre en Russie», a-t-il ajouté, critiquant un «mépris de la part de Bruxelles».
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a lui fustigé devant la presse des «actes hostiles». «De tels actes hostiles à l'égard de notre pays sont capables de causer certains problèmes [...], mais ils ne peuvent pas empêcher notre diplomatie de poursuivre son travail», a-t-il précisé.
Sur Telegram, le vice-président du Conseil de la Fédération, Konstantin Kossatchev, a dénoncé une démarche dirigée, selon lui «contre la Russie en tant qu'Etat et la Serbie en tant qu'Etat». «J'espère que la réaction sera commune et extrêmement sévère, non seulement sous forme des protestations diplomatiques, mais aussi se traduira par des actions pratiques, concrètes», a-t-il ajouté.
Interrogé par RT France, Xavier Moreau, directeur du Centre d’analyses politico-stratégiques, considère cette interdiction de survol comme un «aveu d'impuissance» de la part de l'OTAN. «Aujourd'hui, les seules sanctions efficaces que met l'Occident, que met l'OTAN, c'est empêcher le survol de territoire de l'OTAN», ajoute-t-il, précisant : «Cela ne changera absolument rien dans la situation actuelle.»
Le président serbe Aleksandar Vucic devrait prendre la parole au journal télévisé en début de soirée pour s'exprimer sur la situation, selon la Radio-télévision de Serbie.
Le ministre russe des Affaires étrangères devait se rendre à Belgrade pour y rencontrer Aleksandar Vucic mais également son homologue serbe Nikola Selakovic ainsi que le patriarche de l'Eglise orthodoxe serbe Porphyre.