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«La France hors d'Afrique» : manifestation de la gauche radicale à Pretoria (IMAGES)

Plusieurs centaines de sympathisants de la gauche radicale sud-africaine ont manifesté le 25 mai dans la capitale Pretoria aux côtés de Julius Malema, accusant la France d'impérialisme post-colonial et réclamant son départ du continent africain.

Emmenés par le parti de Julius Malema, les Combattants pour la liberté économique (Economic Freedom Fighters, EFF), plusieurs centaines de manifestants de la gauche radicale, dont la plupart arboraient des T-shirts et des casquettes rouges avec un logo en forme d'Afrique, ont défilé le 25 mai à Pretoria, accusant la France d'impérialisme post-colonial et réclamant son départ du continent africain.

Le gouvernement et le régime français ont joué un rôle direct dans les coups d'Etat et le renversement illégal et illicite de nombreux gouvernements sur les continents africains 

Rassemblés à quelques rues de l'ambassade de France, ils ont brandi des pancartes «La France dehors», «La richesse de la France sur le dos des Africains» ou encore «Réparations pour les crimes coloniaux», après s'être rendus dans la matinée dans la capitale sud-africaine dans des bus affrétés par le parti. Dans un discours, le leader des EFF Julius Malema a revendiqué l'héritage de plusieurs figures anticoloniales et «panafricanistes», telles que Thomas Sankara ou Patrice Lumumba, affirmant que «le gouvernement et le régime français ont joué un rôle direct dans les coups d'Etat et le renversement illégal et illicite de nombreux gouvernements sur les continents africains». Il a aussi accusé la France de repérer «des marionnettes dans différents pays africains», afin de les présenter «comme candidats à des postes importants et stratégiques dans différentes organisations multilatérales continentales», dont l'Union africaine.

«Va te faire foutre la France, va te faire foutre», a scandé un militant sur une scène aménagée sur un camion ouvert, la foule reprenant les slogans en chœur avant de se rapprocher des grilles de l'ambassade, protégées par un cordon de policiers armés. «La France a ses sales petits doigts encore profondément enfoncés dans ses anciennes colonies françaises. Les pays africains ne peuvent pas respirer», a dénoncé auprès de l'AFP Leigh-Ann Mathys, une porte-parole de l'EFF. «Il n'y a pas que la France, mais la France est là en première ligne», a-t-elle ajouté, souhaitant que l’Hexagone laisse «l'Afrique gérer ses affaires de manière indépendante».

L'EFF lance un ultimatum de deux semaines à la France

L'EFF luttera «toujours contre l'impérialisme de l'Occident», a assuré un autre porte-parole, Sinawo Thambo. «La relation France-Afrique doit changer, les pays africains doivent être considérés comme des partenaires et pas seulement comme des fournisseurs de matières premières», a-t-il plaidé.

Les militants de l'EFF ont même rédigé un mémorandum à l'attention du «gouvernement colonial de la France», lui demandant entre autres de payer des «réparations» à l'ensemble de ses anciennes colonies, y compris Haïti. Des revendications à satisfaire dans un délai de deux semaines, sous peine de voir le parti de gauche radicale multiplier les protestations, indique le texte.  

Des membres de l'opposition camerounaise étaient également présents aux côtés des EFF, dénonçant le soutien de la France au président Paul Biya, au pouvoir depuis presque 40 ans.

Réagissant à ce mouvement de protestation, l'ambassade a indiqué dans un communiqué que «la France est un partenaire solide de l'Afrique du Sud» et qu'elle «respecte pleinement l'intégrité, la souveraineté et l'indépendance de toutes les nations africaines». Selon elle, l'Hexagone et l'Afrique du Sud «travaillent ensemble» dans de nombreux secteurs. «Nous continuerons à renforcer nos liens et notre coopération», promet-elle.