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«Engrenage dangereux» : Roussel met en garde contre l'adhésion à l'OTAN de la Suède et la Finlande

Les candidatures suédoise et finlandaise à l'OTAN sont justifiées par les deux pays par la possibilité d'être protégés en cas d'attaque de la Russie. Cependant, certains s'inquiètent de l'expansion de l'alliance politico-militaire atlantiste.

Le Secrétaire national du Parti communiste français Fabien Roussel a partagé le 17 mai sur les réseaux sociaux une publication dans laquelle il s'est inquiété des demandes d'adhésion à l'OTAN de la Suède et de la Finlande, pointant «un engrenage dangereux», terme utilisé quelques jours plus tôt, à ce sujet également, par l'ex-conseiller de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino.

«L'urgence est à la pression diplomatique sur Poutine pour un cessez-le-feu et à jeter les bases d'un traité de sécurité collective en Europe», a par ailleurs estimé Fabien Roussel.

Cette prise de position survient dans la foulée de l'officialisation, par la Suède ainsi que par la Finlande, d'une volonté d'adhérer à l'organisation politico-militaire atlantiste alors que la Russie poursuit ses opérations militaires en Ukraine. 

En effet, au regard du conflit ukrainien qui a d'ores et déjà provoqué la fuite du pays de plus de six millions de civils, Stockholm et Helsinki, qui ont chacun un passé différent avec leur voisin russe, ont fait savoir qu'ils souhaitaient bénéficier de la protection du célèbre article 5 de l'OTAN, relatif à la défense collective, en cas d'attaque de la Russie.

Ces démarches de candidature à l'OTAN n'ont pas manqué de faire réagir à plusieurs reprises la diplomatie russe qui, le 16 mai, s'est exprimée par la voix du vice-ministre russe des Affaires étrangères, en ces termes : «Ils ne devraient avoir aucune illusion – à Bruxelles, à Washington et dans d’autres capitales des pays de l’OTAN – que nous allons simplement tolérer cela. C’est-à-dire que le niveau global de tension militaire augmentera et il y aura moins de prévisibilité dans ce domaine. Il est dommage que le bon sens devienne victime d'idées fantasmatiques sur ce qui devrait être fait dans la situation actuelle.»

L'OTAN, une alliance politico-militaire vieille de plus de 70 ans

Si elle a été encouragée ces dernières décennies par les Etats-Unis, l'expansion de l'OTAN sur le sol européen est perçue par la Russie à la fois comme une trahison et une menace sécuritaire.

A ce sujet, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, reconnaissait d'ailleurs début mars que la promotion occidentale de cet expansionnisme avait pu participer à l'escalade des tensions avec la Russie qui a précédé son intervention militaire en Ukraine. «Je suis prêt à reconnaître qu'on a fait des erreurs, et qu'on a perdu des opportunités pour que la Russie puisse se rapprocher de l'Occident. Il y a une certaine rancune que Poutine exploite [...]. Il y a des moments où peut-être nous aurions pu faire mieux, il y a des choses que nous avons proposé et qu'on n'a pas été capables de mener en pratique, comme la promesse que l'Ukraine et la Géorgie feraient partie de l'OTAN [...]. Je pense que c'est une erreur de faire des promesses que l'on ne peut pas tenir», avait-il notamment estimé.

Les militaires de l’Alliance ont "répandu la démocratie" en Afghanistan, en Irak, en Somalie, en Libye

Largement financée par les Etats-Unis depuis sa création en 1949 jusqu'à ce jour, l'OTAN a procédé à plusieurs phases d'élargissement de ses pays membres, en particulier après l'effondrement de l'Union soviétique. En outre, à partir des années 2000, les troupes de l’alliance atlantiste sont intervenues d'un bout à l'autre du globe. «Les militaires de l’Alliance ont "répandu la démocratie" en Afghanistan, en Irak, en Somalie, en Libye. Autant de missions dans le droit fil de la bienveillance affichée en 1949, mais élargie...», ironisait à ce sujet Pierre Levy, rédacteur en chef du mensuel Ruptures, à l'occasion du 70 anniversaire de l'Alliance, en avril 2019.