«Quand nous voyons ce site horrible, je vois combien il est important d'avoir une enquête complète et d'établir les responsabilités [...] J'appelle la Russie à accepter de coopérer avec la Cour pénale internationale [CPI]» : ce sont les mots qu'a prononcés le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres ce 28 avril depuis Boutcha, en banlieue de Kiev. L'Ukraine, ainsi que le Haut commissariat aux droits de l'homme de l'ONU, accuse Moscou d'y être responsable de la mort de centaines de civils. La Russie, qui assure ne cibler que les infrastructures militaires, dément cette version des faits et évoque des «fausses informations».
La CPI rejoint l'enquête de pays opposés à Moscou
La CPI a pour sa part entamé une enquête sur de possibles crimes de guerre ayant été commis en Ukraine, après que son procureur, le Britannique Karim Khan, avait qualifié le pays de «scène de crime» en marge d'une visite à Boutcha.
Comme l'a annoncé dans un communiqué le 25 avril le Bureau du procureur de la Cour pénale internationale, la collecte de preuves dans le cadre de cette enquête se réalise conjointement avec l'«équipe commune d'enquête» (JIT), mise en place par l'Ukraine, la Pologne et la Lituanie avec le soutien d'Eurojust, l'agence de l'Union européenne pour la coopération judiciaire.
Tous ces acteurs ont pris une position très claire dans le cadre du conflit entre la Russie et l'Ukraine, dénonçant fermement l'opération militaire lancée le 24 février et qui vise selon Moscou à «démilitariser» et «dénazifier» l'Ukraine ainsi qu'à protéger les populations du Donbass. L'Union européenne a même lourdement sanctionné la Russie pour son offensive.
Des éléments qui ne semblent pas poser problème au procureur de l'organisation basée à La Haye. «Le procureur de la CPI M. Karim Khan et les procureurs généraux des trois pays concernés ont signé aujourd’hui un accord sur la toute première participation du Bureau du Procureur à une JIT», annonçait ainsi Eurojust le 25 avril.
«La guerre est une absurdité», lance Guterres
«J'imagine ma famille dans une de ces maisons aujourd'hui détruites et noircies», a encore déclaré Antonio Guterres à Borodianka, autre localité de la banlieue de Kiev. «La guerre est une absurdité au XXIe siècle, aucune guerre n'est acceptable au XXIe siècle», a encore ajouté le secrétaire général de l'ONU, soulignant : «Tout le monde devrait toujours se souvenir d'une chose : quelle que soit la guerre, ce sont toujours les civils qui paient le prix le plus élevé.»
Deux jours plus tôt, Antonio Guterres s'était rendu en Russie où il a notamment rencontré Vladimir Poutine et le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Lors de la rencontre, le président russe avait dit espérer un «résultat positif» des négociations avec Kiev, estimant que le round de négociations à Istanbul, en mars, avaient permis une «sérieuse avancée» car la partie ukrainienne n'avait «pas lié les exigences de sécurité, de la sécurité internationale de l'Ukraine, à une certaine compréhension des frontières internationalement reconnues de l'Ukraine».
De son côté, le secrétariat général de l'ONU rapportait sur son site qu'Antonio Guterres avait réitéré «la position des Nations unies sur l'Ukraine» et avait discuté avec Vladimir Poutine des plans d'assistance humanitaire et d'évacuation des civils dans les zones de conflits, notamment concernant la ville de Marioupol. «Le président [russe] a donné son accord de principe à l'engagement des Nations unies et du Comité international de la Croix-Rouge dans l'évacuation des civils [du complexe industriel] d'Azovstal à Marioupol», précisait le site onusien.